l'histoire caché du sionisme
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L’HISTOIRE CACHEE DU SIONISME
I - Les quatre mythes
Ce n’est pas par accident si quiconque tentant d’examiner la nature du
sionisme - son origine, son histoire et sa dynamique - se retrouve face
à des gens qui le menacent ou le terrorisent. Très récemment, après
avoir signalé un meeting sur le sort du peuple palestinien au cours
d’une interview sur KPFK (une radio de Los Angeles), les organisateurs
de ce meeting ont été submergés de coup de téléphone anonymes les
menaçant de déposer des bombes.
Il n’est pas non plus facile, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe
occidentale, de diffuser des informations sur la nature du sionisme ou
d’analyser les faits spécifiques qui caractérisent le sionisme comme
mouvement politique. Même l’annonce sur les campus universitaires de
forums ou de meetings autorisés sur le sujet engendre invariablement
une campagne visant à clore la discussion. Les affiches sont déchirées
aussi vite qu’elles ont été collées. Les meetings sont bourrés par des
escadrons itinérants de jeunes sionistes qui cherchent à les briser.
Les tables de publication sont saccagées, tracts et articles sont
publiés, accusant l’orateur d’anti-sémitisme ou, dans le cas où il
serait d’origine juive, de reniement et de haine de soi.
Si les agressions et les calomnies sont ainsi utilisées contre les
anti-sionistes c’est que la différence entre la fiction officielle au
sujet du sionisme et de l’Etat d’Israël, et les pratiques barbares de
cette idéologie colonialiste et de cet appareil coercitif constitue un
véritable abîme. Les gens sont en état de choc lorsqu’ils ont
l’occasion d’entendre parler ou de lire des faits au sujet des
persécutions subies par les Palestiniens depuis un siècle, et c’est
pourquoi les défenseurs du sionisme cherchent sans cesse à empêcher un
examen cohérent, sans passion, des témoignages sur le chauvinisme
virulent du mouvement sioniste et de l’Etat qui incarne ses valeurs.
L’ironie c’est que lorsque nous étudions ce que les sionistes ont écrit
et dit - en particulier lorsqu’ils s’adressent à eux-mêmes - il n’y a
aucun doute possible sur ce qu’ils ont fait et sur leur place dans
l’éventail politique depuis le dernier quart du XIXe siècle jusqu’à
aujourd’hui.
FAÇONNER LES CONSCIENCES
Dans notre société, quatre mythes puissants ont façonné la conscience de la grande majorité à propos du sionisme.
Le premier c’est celui d’une « Terre sans peuple pour un peuple sans
terre ». Ce mythe a été assidûment cultivé par les premiers sionistes
pour faire passer la fiction selon laquelle la Palestine était un lieu
perdu, désolé, offert à qui voulait le prendre. Cette prétention a été
rapidement suivie par la négation de l’identité palestinienne, de son
existence comme nation et du droit légitime à la terre sur laquelle les
Palestiniens ont vécu toute leur histoire connue.
Le second c’est le mythe de la démocratie israélienne. D’innombrables
histoires dans les journaux ou références à la télévision à l’Etat
d’Israél sont suivies de l’affirmation que c’est la seule démocratie
"véritable” du Moyen-Orient. En fait, Israël est à peu près aussi
démocratique que l’Etat sud-africain. Les libertés publiques, les
moyens de les mettre en œuvre et les droits de l’homme les plus
fondamentaux sont déniés par la loi à ceux qui ne répondent pas à
certains critères raciaux et religieux.
Le troisième mythe, c’est celui de la “sécurité” comme force motrice de
la politique étrangère d’Israël. Les sionistes affirment que leur Etat
doit être la quatrième puissance militaire mondiale parce qu’Israël a
dû se défendre contre la menace immédiate de masses d’Arabes primitifs,
consumés par la haine, qui viennent tout juste de descendre de leurs
arbres.
Le quatrième mythe c’est celui du sionisme comme légataire moral des
victimes de l’holocauste. C’est là à la fois le mythe le plus répandu
et le plus insidieux sur le sionisme. Les idéologues du mouvement
sioniste se sont drapés dans le linceul collectif de six millions de
juifs victimes des assassinats de masse des nazis. L’ironie cruelle et
amère de cette prétention mensongère c’est que le mouvement sioniste a
lui-même été en étroite collusion avec le nazisme dès sa conception.
Pour la plupart des gens, il paraît impossible que le mouvement
sioniste, qui invoque toujours l’horreur de l’holocauste, ait pu
collaborer activement avec l’ennemi le plus terrible auquel les juifs
aient jamais eu à faire face. Les faits cependant révèlent non
seulement des intérêts communs, mais une affinité idéologique profonde
enracinée dans le chauvinisme extrémiste qu’ils ont en commun.
II - Les objectifs sionistes
Les objectifs du sionisme n’ont jamais été simplement la colonisation
de la Palestine - ce qui était le but des mouvements impérialistes et
colonialistes classiques au cours du XIXe et du XXe siècles. Le but du
colonialisme européen en Afrique et en Asie était essentiellement
l’exploitation des populations indigènes comme force de travail à bas
prix tout en pillant les ressources naturelles pour en tirer des
profits exorbitants.
Ce qui distingue le sionisme des autres mouvements colonialistes c’est
la relation entre les colons et le peuple à conquérir. Le but avoué du
sionisme n’était pas simplement d’exploiter les Palestiniens mais de
les disperser et de les déposséder. L’objectif était de remplacer la
population indigène par une nouvelle communauté de colons, d’éliminer
les fermiers, les artisans et les citadins de Palestine pour leur
substituer une force de travail entièrement nouvelle composée par des
colons.
En niant l’existence du peuple palestinien, le sionisme cherchait à
créer le climat politique pour les chasser non seulement de leur terre
mais de l’histoire. Lorsqu’on reconnaissait un tant soit peu leur
existence, les Palestiniens étaient présentés comme un vestige nomade à
moitié sauvage. Les faits historiques ont été falsifiés - selon une
procédure amorcée au cours du dernier quart du XIXe siècle mais qui se
continue aujourd’hui par des écrits pseudo-historiques comme celui de
Joan Peter, « Depuis des temps immémoriaux ».
"Le sionisme devait rechercher différents appuis impérialistes pour
cette entreprise sanglante : parmi eux, l’Empire Ottoman, l’Allemagne
impériale, le Raj britannique, le colonialisme français et la Russie
tsariste. Les plans sionistes pour le peuple palestinien anticipaient
la solution Ottomane de la question des Arméniens, qui devaient être
massacrés lors du premier grand génocide du XXe siècle.
LES PLANS SIONISTES POUR LE PEUPLE PALESTINIEN
Dès l’origine, le mouvement sioniste a cherché à “arméniser” le peuple
palestinien. Comme les indigènes d’Amérique du Nord, les Palestiniens
étaient considérés comme “un peuple en trop”. La logique c’était leur
élimination ; le résultat : un génocide.
Cela n’était pas moins vrai pour le mouvement ouvrier sioniste, qui
cherchait à donner un vernis “socialiste” à cette entreprise coloniale.
L’un des principaux théoriciens du sionisme ouvrier, qui était l’un des
fondateurs du parti sioniste Ha’Poel Ha Tzair (Le Jeune travailleur),
et partisan de Poale Zion (Travailleurs de Sion), était Aaron David
Gordon.
Walter Laqueur reconnaît dans son « Histoire du sionisme » que « A. D.
Gordon et ses camarades voulaient que chaque arbre et chaque buisson
soit planté par un pionnier juif » (14)
C’est Gordon qui a estampillé le slogan « conquête des travailleurs »
(“Kibbush avodah”). Il a fait appel aux capitalistes juifs, et aux
responsables des plantations Rotschild, qui avaient obtenu des terres
des seigneurs turcs absents par-dessus la tête du peuple palestinien, «
à Jouer aux juifs et uniquement aux juifs ». Il organisa le boycott de
toute entreprise sioniste qui n’employait pas exclusivement des juifs,
et prépara des grèves contre les colons des Rotschild qui autorisaient
les paysans arabes à moissonner avec eux ou à travailler pour eux, même
à bas prix.
Ainsi, les “sionistes ouvriers” utilisèrent-ils les méthodes du
mouvement ouvrier pour interdire l’emploi des Arabes ; leur objectif
n’était pas l’exploitation mais l’usurpation.
LA SOCIETE PALESTINIENNE
Il y avait plus d’un millier de villages en Palestine à la fin du XIXe
siècle. Jérusalem, Haïfa, Gaza, Nablus, Acre, Jéricho, Ramle, Hébron et
Nazareth étaient des villes florissantes. Les collines étaient
laborieusement cultivées en terrasses. Les canaux d’irrigation
sillonnaient la terre. Les vergers de citronniers, les forêts
d’oliviers et les céréales de Palestine étaient connus dans le monde
entier. Le commerce, l’artisanat, le textile, la construction et la
production agricole étaient largement développés.
Les comptes rendus de voyageurs au XVIIIe et au XIXe siècles en
témoignent unanimement, comme l’étaient les rapports trimestriels très
précis publiés au XIXe siècle par le Fonds britannique d’exploration de
la Palestine.
En fait, c’est précisément la cohésion sociale et la stabilité de la
société palestinienne qui ont conduit Lord Palmerston en 1840, lorsque
l’Angleterre a établi un consulat à Jérusalem, à proposer avec
prescience la fondation d’une colonie de juifs européens pour «
préserver les intérêts les plus larges de l’Empire britannique ». (15)
La société palestinienne, si elle souffrait de la collaboration des
propriétaires terriens féodaux (effendi) avec l’Empire ottoman, était
néanmoins productive et diversifiée culturellement, avec une
paysannerie très consciente de son rôle social.
Les paysans palestiniens et les citadins avait établi une distinction
claire, fortement ressentie entre les juifs qui vivaient parmi eux et
les colons potentiels, et ce depuis 1820 lorsque les 20 000 juifs de
Jérusalem avaient été totalement intégrés et acceptés dans la société
palestinienne.
Lorsque les colons de Petah Tikvah cherchèrent à chasser les paysans de
leurs terres, en 1886, ils rencontrèrent une résistance organisée, mais
les travailleurs juifs des villages voisins et leurs communautés ne
furent nullement inquiétés. Lorsque les Arméniens fuyant le génocide
turc s’installèrent en Palestine ils furent les bienvenus. Mais ce
génocide fut de façon inquiétante soutenu par Vladimir Jabo*tinsky et
d’autres sionistes qui tentèrent ainsi d’obtenir le soutien des Turcs.
En fait, jusqu’à la déclaration Balfour (1917), la réaction palestinienne à l’installation des colonies sionistes fut d’une tolérance imprudente. Il n’y avait pas de haine organisée des juifs en Palestine, pas de massacres comme en préparaient les antisémites du tsar et de Pologne, Pas de contrepartie raciste dans la réaction palestinienne aux colons armés (qui utilisaient la force partout où ça leur était possible pour chasser les Palestiniens de leurs terres). Même les émeutes spontanées, exprimant la rage refoulée des Palestiniens devant les vols incessants de leurs terres, n’étaient pas dirigées contre les juifs comme tels.
A LA RECHERCHE DES FAVEURS DE L’EMPIRE
En 1896, Theodor Herzl mit en avant son plan pour pousser l’Empire
Ottoman à céder la Palestine au mouvement sioniste « En supposant que
Sa Majesté le Sultan veuille bien nous donner la Palestine, nous
pourrions en retour entreprendre de régulariser les finances de la
Turquie. Nous serions là-bas un poste avancé de la civilisation contre
la barbarie. » (16).
En 1905, le VIIe Congrès sioniste mondial dut reconnaître que le peuple
palestinien était en train d’organiser un mouvement politique pour
l’indépendance nationale à l’égard de l’Empire ottoman - une menace non
seulement pour le pouvoir turc mais également pour les desseins
sionistes.
Prenant la parole lors de ce congrès, Max Nordau, un éminent dirigeant
sioniste, mit en avant les préoccupations sionistes « Le mouvement qui
est devenu celui d’une grande partie du peuple arabe pourrait aisément
prendre une direction néfaste à la Palestine.... Le gouvernement turc
pourrait se sentir alors obligé de défendre son règne en Palestine et
en Syrie par la force armée... Dans de telles circonstances, la Turquie
peut être convaincue par nous qu ‘il sera important pour elle d’avoir
en Palestine et en Syrie un groupe fort et bien organisé qui résistera
à toute attaque contre l’autorité du sultan et défendra l’autorité de
ce dernier de toute sa force. » (17)
Tandis que le kaiser entreprenait de forger une alliance avec la
Turquie dans le cadre de son conflit avec la France et la
Grande-Bretagne au sujet du contrôle du Moyen-Orient, le mouvement
sioniste fit des ouvertures similaires auprès de l’Allemagne impériale.
Le kaiser mit presque dix ans dans ses tractations intermittentes avec
la direction sioniste pour formuler un plan pour un Etat juif sous des
auspices Ottomans qui aurait eu pour principale tâche l’éradication de
la résistance anticolonialiste palestinienne et l’affermissement des
intérêts de l’Allemagne impériale dans la région.
En 1914 cependant, l’Organisation sioniste mondiale était déjà engagée
très loin dans son offre parallèle pour enrôler l’Empire britannique
dans une entreprise de démolition de l’Empire ottoman avec l’aide des
sionistes. Chaim Weizmann, qui devait devenir président de
l’Organisation sioniste mondiale, fit une déclaration publique
importante « Nous pouvons raisonnablement dire que si la Palestine
devait tomber dans la sphère d’influence britannique. et si
l’Angleterre devait encourager les installations de juifs là-bas, comme
dépendance de l’Angleterre, nous pourrions avoir en 20 ou 30 ans un
million de juifs sur place, peut-être plus ; ils développeraient le
pays, y ramèneraient la civilisation et représenteraient une protection
efficace du canal de Suez. » (18)
LA DECLARATION BALFOUR
Wiezmann obtint des Anglais ce que les dirigeants sionistes avaient
recherché à la fois auprès des gouvernements ottoman et de l’Empire
allemand. Le 2 novembre 1917, la déclaration Balfour était publiée.
Elle affirmait en particulier « Le gouvernement de Sa Majesté envisage
avec faveur l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le
peuple juif, et fera tout son possible pour faciliter la réalisation de
cet objectif ... » (19)
Les sionistes étaient cyniques dans la présentation de leurs
prétentions sur la Palestine et ne s’embarrassaient pas de
contradictions. A certains moments ils affirmaient que la Palestine
était un désert parcouru parfois par des nomades ; la minute d’après,
ils proposaient de soumettre la population palestinienne qu’ils avaient
présentée comme inexistante. A. D. Gordon lui-même déclarait sans cesse
que les Palestiniens qui, il insistait là-dessus, n’existaient pas,
devaient être empêchés par la force de cultiver la terre.
Cela se traduisit par l’expulsion totale des “non-juifs” de la “terre
ancestrale” juive. La même méthode structure les déclarations des
dirigeants britanniques et sionistes dans leurs plans pour la
population palestinienne. A l’époque de la déclaration Balfour, les
armées de l’Empire britannique avaient occupé la majeure partie de
l’Empire ottoman au Moyen-Orient, ayant enrôlé les dirigeants arabes
dans le combat contre les Turcs sous leur direction en échange de
promesses sur “l’autodétermination”.
Tandis que les sionistes dans leur propagande insistaient sur le fait
que la Palestine était déserte, dans leurs négociations avec leurs
protecteurs impériaux ils expliquaient clairement que la siijtion du
peuple palestinien était à l’ordre du jour et proposaient leurs
services à cette fin.
Les Britanniques répondirent de la même façon. La déclaration Balfour
contenait également un passage prévu pour bercer les dirigeants féodaux
arabes choqués par la traîtrise de l’Empire britannique qui offrait aux
sionistes la région même où l’autodétermination arabe avait été promise
« Etant clairement entendu que rien ne sera fait qui pourrait porter
préjudice aux droits civils et religieux des communautés non juives
existant en Palestine... » (20)
Les Anglais avaient utilisé durant des années la direction sioniste
pour obtenir le soutien à leur guerre contre l’Allemagne impériale des
plus gros capitalistes et banquiers juifs aux Etats-Unis et en Grande-
Bretagne. Avec Weizmann, ils se préparaient à utiliser la colonisation
sioniste de la Palestine comme l’instrument de leur contrôle politique
sur la population palestinienne.
La « terre sans peuple pour un peuple sans terre » était en fait un
pays en ébullition contre la sujétion coloniale. L’ancien Premier
ministre Balfour lui-même a été brutalement explicite dans son
mémorandum pour les cercles officiels, en dépit des grandes
déclarations à l’usage du public sur « les droits civils et religieux
des communautés non juives (sic) de Palestine » « Le sionisme, qu‘il
ait tort ou raison, qu’il soit bon ou mauvais, est enraciné dans des
besoins actuels, et dans des espoirs futurs d’une importance bien plus
grande que les souhaits de 700 000 Arabes en plus qui habitent en ce
moment ce vieux pays. » (21)
LA CONNECTION SUD-AFRICAINE
Il y avait une dimension particulière à cet accord secret entre Balfour
et la direction sioniste pour bafouer les aspirations du peuple
palestinien. C’était l’ami intime de Weizmann et futur Premier ministre
de l’Afrique du Sud, le général Jan Smuts, qui, comme délégué
sud-africain au cabinet de guerre britannique au cours de la Première
Guerre mondiale, avait aidé à faire pression sur le gouvernement
britannique pour qu’il adopte la déclaration Balfour et s’engage à la
construction d’une colonie sioniste sous la direction des Britanniques.
La relation entre le mouvement sioniste et les colons sud-africains
s’était développée auparavant, tout comme l’amitié entre le général
Smuts et Chaim Wiezmann. A la fin du siècle, une importante population
juive, venue en particulier de Lituanie, s’était installée en Afrique
du Sud. Le mouvement sioniste considérait cette population comme
particulièrement sensible aux idées sionistes du fait de son statut
déjà établi de colons en Afrique du Sud. Les dirigeants sionistes ont
effectué des voyages incessants en Afrique du Sud pour y chercher un
soutien politique et financier.
N. Kirschner, ancien président de la fédération sioniste sud-africaine,
a fourni un compte rendu vivant de l’interaction étroite entre les
dirigeants sionistes et sud-africains, de l’identification de sionistes
comme Weizmann et Herzl avec la conception sud-africaine d’une
population colonisatrice racialement distincte, et de l’importance d’un
pacte virtuel entre les deux mouvements. (22)
En identifiant le sionisme avec l’idéologie des colons sud-africains,
Chaim Weizmann était dans la lignée de l’admiration exprimée auparavant
par Théodor Herzl, fondateur du sionisme politique, pour celui qui
représentait la quintessence de l’idéologie coloniale, Sir Cecil
Rhodes. Herzl tenta de modeler son propre devenir politique sur les
réalisations de Rhodes « Bien sûr, il y a de grandes différences entre
Cecil Rhodes et mon humble personne, les aspects personnels étant
largement en ma défaveur ; les aspects objectifs sont grandement en
faveur du mouvement sioniste. » (23)
Herzl se faisait l’avocat de l’achèvement de la dispersion des
Palestiniens par les sionistes en utilisant des méthodes dont Rhodes
avait été le pionnier, et il réclamait d’urgence la formation de
l’équivalent juif d’une compagnie coloniale fondatrice, un amalgame
d’exploitation coloniale et d’entreprise.
« La Compagnie juive est en partie façonnée selon les lignes d’une
grande compagnie d’acquisition. On pourrait l’appeler une Compagnie
fondatrice juive, bien qu’elle ne puisse exercer un pouvoir souverain,
et n ‘ait d’autres tâches que purement coloniales. » (24)
« Les plus pauvres d’abord iront cultiver le sol. Selon un plan
préétabli ils construiront les routes, les ponts, les chemins de fer et
installations télégraphiques, domestiqueront les rivières et
construiront leurs propres logements ; leur travail créera le commerce,
le commerce créera des marchés, et les marchés attireront de nouveaux
colons. » (25)
En 1934, un important groupe d’investisseurs sud-africains et de gros
capitalistes avait fondé les “Investissements Afrique-Israél” pour
acheter des terres en Palestine. La compagnie existe toujours après 54
années avec des Sud-Africains comme coactionnaires, les actions étant
détenues par la banque israélienne Leumi. (26)
“LE MUR D’ACIER”
La tension provoquée par l’affirmation que la terre était vide et
l’exigence que les habitants “inexistants” soient sauvagement asservis
était moins aiguë lorsque les sionistes discutaient de stratégie entre
eux. La réalité de ce qui était nécessaire pour coloniser la Palestine
prenait le pas sur la propagande.
L’un des porte-parole idéologiques du sionisme, Vladimir Jabotinsky,
est connu comme le fondateur du “sionisme révisionniste”, le courant
sioniste que la façade libérale et socialiste employée par les
sionistes “ouvriers” irritait (le sionisme révisionniste est représenté
aujourd’hui par Menachem Begin et Yitzhak Shamir).
En 1923, Jabotinsky écrivit “Le Mur d’acier”, que l’on peut considérer
comme une borne de référence pour tout le mouvement sioniste. Il
avançait sans mettre de gants les prémisses essentielles du sionisme
qui avaient, en fait, été établies auparavant, peut-être avec moins
d’éloquence, par Theodor Herzl, Chaim Weizmann et d’autres. Le
raisonnement de Jabotinsky a été cité et repris dans des plaidoiries
sionistes ultérieures - de la prétendue “gauche” à la prétendue
“droite”. Il écrivait ce qui suit:
“Il ne peut être question d’une réconciliation volontaire entre nous et
les Arabes, ni maintenant, ni dans un futur prévisible. Toute personne
de bonne foi, mis à part les aveugles de naissance, a compris depuis
longtemps l’impossibilité complète d’aboutir à un accord volontaire
avec les Arabes de Palestine pour la transformation de la Palestine
d’un pays arabe en pays à majorité juive. Chacun d’entre vous a une
compréhension globale de l’histoire de la colonisation. Essayez de
trouver un seul exemple où la colonisation d’un pays s’est faite avec
l’accord de la population autochtone. Ça ne s’est produit nulle part.
Les autochtones combattront toujours obstinément les colonisateurs - et
c’est du pareil au même qu’ils soient civilisés ou non. Les compagnons
d’armes de Hernan Cortez ou de Francisco Pizarre se sont conduits comme
des brigands. Les Peaux-Rouges ont combattu avec ferveur et sans
compromis les colonisateurs au bon coeur comme les méchants. Les
indigènes ont combattu parce que toute forme de colonisation n ‘importe
où à n ‘importe quelle époque est inacceptable pour le peuple indigène.
Tout peuple indigène considère son pays comme sa patrie, dont il veut
être totalement maître. Il ne permettra pas de bon gré que s ‘installe
un nouveau maître. Il en est ainsi pour les Arabes. Les partisans du
compromis parmi nous essaient de nous convaincre que les Arabes sont
des espèces d’imbéciles que l’on peut tromper avec des formulations
falsifiées de nos buts fondamentaux. Je refuse purement et simplement
d’accepter cette vision des Arabes palestiniens.
Ils ont exactement la même psychologie que nous. Ils considèrent la
Palestine avec le même amour instinctif et la ferveur véritable avec
laquelle tout Aztèque considérait Mexico ou tout Sioux sa prairie. Tout
peuple combattra les colonisateurs jusqu‘à ce que la dernière étincelle
d’espoir d’éviter les dangers de la conquête et de la colonisation soft
éteinte. Les Palestiniens combattront de cette façon jusqu‘à qu‘il n‘y
ait pour ainsi dire plus une parcelle d’espoir.
Peu importe les mots que nous utilisons pour expliquer notre
colonisation. La colonisation a sa propre signification intégrale et
inévitable qui est comprise par tous les juifs et tous les Arabes. La
colonisation n‘a qu’un but. C’est dans la nature des choses. Changer
cette nature est impossible. Si était nécessaire de mener la
colonisation contre la volonté des Arabes palestiniens et cette
nécessité existe aujourd’hui de la même manière. Même un accord avec
les non-Palestiniens est une lubie du même type. Pour que les
nationalistes arabes de Bagdad, de la Mecque et de Damas acceptent de
payer un tel prix, il faudrait qu‘ils refusent de maintenir le
caractère arabe de la Palestine.
Nous ne pouvons offrir aucune compensation contre la Palestine, ni aux
Palestiniens, ni aux Arabes. Par conséquent, un accord volontaire est
inconcevable. Toute colonisation, même la plus réduite, doit se
poursuivre au mépris de la volonté de la population indigène. Et donc,
elle ne peut se poursuivre et se développer qu‘à l’abri du bouclier de
la force, ce qui veut dire un Mur d’acier que la population locale ne
pourra jamais briser. Telle est notre politique arabe. La formuler de
toute autre façon serait de l’hypocrisie.
Que ce soit au travers de la déclaration Balfour ou au travers du
mandat, l’exercice d’une force étrangère est une nécessité pour établir
dans le pays les conditions d’un pouvoir et d’une défense par lesquels
la population locale, quels que soient ses désirs, soit privée de la
possibilité d’empêcher la colonisation, par des moyens administratifs
ou physiques. La force doit jouer son rôle - brutalement et sans
indulgence. De ce point de vue, il n’y a pas de différence
significative entre nos militaristes et nos végétariens. Les uns
préfèrent un Mur d’acier fait de baïonnettes juives, les autres un Mur
d’acier constitué de baïonnettes anglaises.
Au reproche habituel selon lequel ce point de vue est immoral, je
réponds “absolument pas”. C’est là notre morale. Il n ‘y a pas d’autre
morale. Aussi longtemps qu‘il y aura la moindre étincelle d’espoir pour
les Arabes de nous résister, ils n ‘abandonneront pas cet espoir, ni
pour des mots doux ni pour des récompenses alléchantes, parce qu‘il ne
s’agit pas d’une tourbe mais d’un peuple, d’un peuple vivant. Et aucun
peuple ne fait de telles concessions sur de telles questions concernant
son sort, sauf lorsqu‘il ne reste aucun espoir, jusqu‘à ce que nous
ayons supprimé toute ouverture visible dans le Mur d’acier.” (27)
LA METAPHORE DE L’ACIER
Le thème et l’imagerie du fer et de l’acier coercitifs évoqués par
Vladimir Jabotinsky devaient être repris par le mouvement
national-socialiste naissant en Allemagne, de même que Jabotinsky à son
tour a été inspiré par Benito Mussolini. L’invocation mystique de la
volonté de fer au service de la conquête militaire et chauviniste
réunit les idéologues sionistes, colonialistes et fascistes. Elle
recherchait sa légitimité dans les légendes d’un passé conquérant.
Le “Samson et Dalila” de Cecil B. De Mille était plus qu’une romance
biblique hollywoodienne sur la perfidie de la femme et la vertu de la
force masculine. Ce film était porteur également des valeurs
autoritaires du roman dont il était l’adaptation, le “Samson” écrit par
Tladimir Jabotinsky, qui se faisait le hérault de la nécessité de la
force brute si les Israéliens devaient conquérir les Philistins.
« “Transmettrai-je un message de votre part à notre peuple ?“ Samson
réfléchit un moment, puis dit lentement : “Le premier mot c’est le fer.
Ils doivent se procurer du fer. Ils doivent donner tout ce qu‘ils ont
pour obtenir du fer - leur argent et leur blé, leur huile et leur vin
et leurs troupeaux, et même leurs femmes et leurs filles. Tout pour le
fer ! Il n’y a rien au monde qui ait plus de valeur que l’airain.” »
(28)
Jabotinsky, chantre du “Mur d’acier que la population locale ne pourra
pas briser” et de “la loi d’airain de tout mouvement colonisateur... la
force armée”, allait trouver un écho à son appel au cours des
prochaines décennies au travers des grandes razzias sionistes contre le
peuple opprimé.
L’actuel ministre de la Défense d’Israél, Yitzhak Rabin, a lancé la
guerre de 1967 comme chef d’état-major à la volonté d'airain". Comme
Premier ministre en 1975 et 1976 il lançait la politique de l’Hayad
Barzel, “la main de fer”, en Cisjordanie. Plus de 300 000 Palestiniens
sont passés par les prisons israéliennes dans des conditions où la
torture était permanente et institutionnalisée, comme l’a révélé le
Sunday Times de Londres et l’a dénoncé Amnesty International.
Son successeur comme chef des armées, Raphaël Eitan, a imposé “le bras
d’airain” - Zro’aa Barzel - sur la rive Ouest, ajoutant l’assassinat à
l’arsenal répressif. Le 17 juillet 1982, le cabinet israélien s’est
réuni pour préparer ce que le Sunday Times de Londres devait appeler
“cette opération militaire de purge des camps soigneusement préparée,
appelée Moah Barzel ou Cerveau d’acier”. Les camps en question étaient
Sabra et Shatila et l’opération “était bien connue de Sharon et Begin,
faisant partie d’un plan plus large de Sharon discuté par le cabinet
israélien”. (29)
Lorsque Yitzhak Rabin, qui avait soutenu le Likoud révisionniste au
Liban au cours de la guerre, devint le ministre de la Défense de Shimon
Peres dans l’actuel gouvernement “d’unité nationale”, il lança au Liban
et sur la rive Ouest du Jourdain (Cisjordanie) la politique de l’Egrouf
Barzel, “le poing de fer”. C’est le “poing de fer” que Rabin a cité à
nouveau comme la base de sa politique de répression tous azimuts et de
représailles collectives face au soulèvement palestinien de 1987-1988
en Cisjordanie et à Gaza.
LA DOCTRINE DE LA PURETE DU SANG
Il est également intéressant de noter que Jabotinsky fondait sa volonté
colonialiste sur la doctrine de la pureté du sang. Jabotinsky
l’énonçait dans sa “Lettre sur l’Autonomie”
“Il est impossible à un homme de s’assimiler à un peuple dont le sang
est différent du sien. Pour être assimilé, il faudrait qu‘il change son
corps, il doit devenir leur par son sang. Il ne peut y avoir
d’assimilation. Nous n ‘autoriserons pas des choses du genre des
mariages mixtes parce que la préservation de notre intégrité nationale
est impossible autrement que parle maintien de la pureté de la race et
pour ce faire nous aurons ce territoire dont notre peuple constituera
la population racialement pure.”
Ce thème a été plus largement développé par Jabotinsky :
“La source du sentiment national... se trouve dans le sang de l’homme
dans son type physico-racial et là seulement... La vision spirituelle
d’un homme est fondamentalement déterminée par sa structure physique.
C’est pour cette raison que nous ne croyons pas à l’assimilation
spirituelle, il est inconcevable, d’un point de vue physique, qu’un
juif né dans une famille de pur-sang juif puisse s’adapter à la vision
spirituelle d’un Allemand ou d’un Français. Il peut être entièrement
imprégné du fluide germanique, mais le noyau de sa structure
spirituelle restera toujours juif.” (30)
L’adoption des doctrines chauvines de la pureté de la race et de la loi
du sang n’était pas limitée à Jabotinsky ou aux révisionnistes. Le
philosophe libéral Martin Buber situait également son sionisme dans le
cadre de la doctrine raciste européenne “Les couches les plus profondes
de notre être sont déterminées par le sang, nos pensées les plus
intimes et notre volonté sont colorées par lui.” (31)
Comment cela allait-il être mis en application ?
III - La colonisation de la Palestine
En 1917 il y avait 56 000 juifs en Palestine et 644 000 Palestiniens
arabes. En 1922, il y avait 83 794 juifs et 663 000 Arabes. En 1931, il
y avait 174 616 juifs et 750 000 Arabes. (32)
LA COLLABORATION AVEC LE COLONIALISME BRITANNIQUE
Avec la constitution d’une alliance tacite avec les Britanniques, les
sionistes recevaient à présent un soutien sur la base de leur conquête
du pays. Ce processus a été décrit par le poète et essayiste marxiste
palestinien Ghassan Kanafani
“En dépit du fait qu’une grande partie des capitaux juifs étaient
alloués aux zones rurales, et en dépit de la présence des forces
militaires impérialistes britanniques et de la pression immense exercée
par la machine administrative en faveur des sionistes, ces derniers n
‘obtinrent que des résultats minimes en ce qui concerne l’acquisition
des terres.
Ils parvinrent cependant à sérieusement dégrader le statut de la
population rurale arabe. La possession de terrains agricoles ou urbains
passa de 300 000 dunums en 1929 (26800 hectares) à 250 000 dunums en
1930 (112 000 hectares). Le pourcentage de terre acheté était
insignifiant du point de vue d’une colonisation massive et du règlement
du “problème juif”. Mais l’expropriation d’un million de dunums -
presque un tiers de la terre arable - conduisait à un appauvrissement
sévère des paysans arabes et des bédouins.
En 1931, 20 000 familles paysannes avaient été évincées par les
sionistes. De plus, la vie des paysans dans un pays sous-développé, et
dans le monde arabe en particulier, ne représente pas seulement un mode
de production, mais également un mode de vie social, religieux et
traditionnel. Ainsi, en plus de la perte de la terre, la société arabe
rurale était détruite par le processus de la colonisation.” (33)
L’impérialisme britannique encouragea la déstabilisation économique de
l’économie palestinienne. Le gouvernement mandataire octroya un statut
privilégié aux capitaux juifs, leur accordant 90 % des concessions en
Palestine. Cela permit aux sionistes de prendre le contrôle de
l’infrastructure économique (projets de route, minéraux de la mer
Morte, électricité, ports, etc.).
En 1935, les sionistes contrôlaient 872 des 1 212 firmes industrielles
en Palestine. Les importations pour des industries sionistes étaient
exemptées de taxes. Un Code du travail discriminatoire était adopté
contre la force de travail arabe, qui aboutit à un chômage à large
échelle et pour ceux qui arrivaient à obtenir du travail à subsister
dans des conditions inférieures au niveau de vie moyen.
LE SOULEVEMENT DE 1936
La perte de leurs terres et la répression accélérèrent pour les
Palestiniens la prise de conscience du sort qui les attendait et
aboutirent à un vaste soulèvement qui dura de 1936 à 1939.
La révolte prit la forme de la désobéissance civile et de
l’insurrection armée. Les paysans quittèrent leurs villages pour
rejoindre des unités de combattants qui se formaient dans les
montagnes. Les nationalistes arabes de Syrie et Jordanie participèrent
bientôt à la bataille.
La décision de refuser de payer les impôts fut prise le 7 mai 1936,
lors d’une conférence à laquelle participaient 150 délégués
représentant tous les secteurs de la population, et une grève générale
balaya la Palestine.
La réaction britannique fut immédiate et brutale. La loi martiale fut
déclarée le 30 juillet 1936 - environ cinq mois après le début du
soulèvement - et une vaste répression se déchaîna. Quiconque était
suspecté d’organiser ou de sympathiser avec la grève générale ou tout
autre acte de résistance était emprisonné. On fit sauter les maisons
dans toute la Palestine. Une grande partie de la ville de Jaffa fut
détruite par les Britanniques le 18 juin 1936, laissant 6 000 personnes
sans abri. Les habitations dans les communautés environnantes furent
également détruites.
Les Britanniques envoyèrent d’importantes forces militaires en
Palestine pour écraser la révolte (20 000 hommes selon les
estimations). A la fin de l’année 1937 et au début 1938, cependant, les
forces britanniques étaient en passe de perdre le contrôle de la
révolte populaire armée.
LES SIONISTES FORMENT UNE POLICE SUPPLETIVE
C’est à ce moment-là que les Britanniques commencèrent à s’appuyer sur
les sionistes qui leur fournissaient une ressource unique sur laquelle
ils n’avaient jamais pu compter dans une quelconque de leurs autres
colonies une fonce locale qui faisait cause commune avec le
colonialisme britannique et qui était extrêmement mobilisée contre la
population indigène. Si avant cette époque les sionistes avaient pris
en charge de nombreuses opérations de représailles, ils jouaient à
présent un rôle plus important dans l’escalade de la répression qui
devait inclure des arrestations massives, des assassinats et des
exécutions. En 1938, 5 000 Palestiniens étaient emprisonnés, dont 2 000
condamnés à des peines de prison de longue durée, 148 personnes étaient
exécutées pan pendaison et plus de 5 000 logements étaient détruits.
(34)
Les forces sionistes étaient intégrées aux services secrets
britanniques et devinrent l’organe de police d’une répression
britannique draconienne. Une “Force de para-police” fut établie pour
fournir une couverture à la présence armée sioniste encouragée par les
Britanniques. La Force de para-police comptait 2 863 recrues, 12.000
hommes étaient organisés dans la Haganah, et 3 000 dans l’Organisation
militaire nationale (Ingun) de Jabotinsky (35). En été 1937, la Force
de para-police fut dénommée “Force de défense des colonies juives” et
plus tard “Police de la colonie”.
Ben Gourion considérait la “Force de para-police” comme un “cadre”
idéal pour l’entraînement de la Haganah. Charles Onde Wingate, officier
britannique qui en avait la responsabilité, fut en fait le fondateur de
l’armée israélienne. Il entraîna des personnages comme Moshe Dayan pour
le terrorisme et l’assassinat.
En 1939, les fonces sionistes travaillant avec les Britanniques
regroupaient 14 411 hommes organisés en dix groupes de Police de la
colonie bien armés, chacun commandé par un officier britannique, avec
un représentant officiel de l’Agence juive comme adjoint. Au printemps
1939, la fonce sioniste comprenait 63 unités motorisées, composée
chacune de 8 à 10 hommes.
LE RAPPORT PEEL
Une commission royale fut établie en 1937 sous la direction de Lord
Peel, pour déterminer les causes de la révolte de 1936. La Commission
Peel conclut que les deux facteurs primordiaux étaient le désir des
Palestiniens d’obtenir leur indépendance nationale et la crainte des
Palestiniens de voir s’établir une colonie sioniste sur leur sol. Le
rapport Peel analysait une série d’autres facteurs avec une franchise
inhabituelle. Il s’agissait de
1. L’extension de l’esprit nationaliste arabe en dehors de la Palestine ;
2. L’augmentation de l’immigration juive depuis 1933 ;
3. La capacité des sionistes à dominer l’opinion publique en Grande- Bretagne du fait du soutien tacite du gouvernement ;
4. Le manque de confiance des Arabes dans les bonnes intentions du gouvernement britannique ;
5. La crainte des Palestiniens devant les incessants achats de terre
pan les juifs auprès des propriétaires féodaux absentéistes qui
vendaient leurs domaines et évinçaient les paysans palestiniens qui
travaillaient jusque-là sur leurs ternes ;
6. L’attitude évasive du gouvernement mandataire sur ses intentions en ce qui concernait la souveraineté palestinienne.
Le mouvement national incluait la bourgeoisie urbaine, les
propriétaires terriens féodaux, les dirigeants religieux et les
représentants des paysans et des ouvriers.
Ses revendications étaient :
1. L’arrêt immédiat de l’immigration sioniste,
2. La cessation et la prohibition du transfert des terres possédées pan les Arabes aux colons sionistes,
3. L’établissement d’un gouvernement démocratique dans lequel les Palestiniens auraient une majorité de contrôle. (36)
ANALYSE DE LA REVOLTE
Ghassan Kanafani décrit ainsi le soulèvement : “La véritable cause de
la révolte c’était que le conflit aigu impliqué dans la transformation
de la société palestinienne de société arabe agricole féodale et
cléricale en société industrielle bourgeoise juive (occidentale) avait
atteint son sommet... Le processus de mise en place des racines du
colonialisme et de sa transformation d’un mandat britannique en un
colonialisme sioniste... atteignit son point le plus élevé au milieu
des années 30. et en fait la direction du mouvement nationaliste
palestinien tenta d‘adopter une certaine forme de lutte armée parce
qu’elle ne pouvait plus continuer à diriger à un moment où le conflit
avait atteint des proportions décisives.” (37)
L’incapacité du Mufti et des autres dirigeants religieux, des
propriétaires terriens féodaux et de la bourgeoisie naissante à
soutenir jusqu’au bout les paysans et les travailleurs a permis au
régime colonial et aux sionistes d’écraser la rébellion après trois ans
de lutte héroïque. En cela les Britanniques ont été aidés de façon
décisive pan la traîtrise des régimes arabes traditionnels, qui
dépendaient de leurs tuteurs colonialistes.
La lutte nationale des Palestiniens avait été continue depuis 1918 et
s’était accompagnée d’une forme ou une autre de résistance armée. Elle
incluait également la désobéissance civile, les grèves générales, le
non-paiement des impôts, le refus de porter des cartes d’identité, les
boycotts et les manifestations.
IV - Conséquences tragiques
En 1947, il y avait 630 000 juifs et 1 300 000 Palestiniens arabes.
Ainsi, à l’époque de la partition de la Palestine par les Nations Unies
en 1947, les juifs représentaient 31 % de la population. (38)
La décision de la partition de la Palestine, mise en avant pan les
grandes puissances impérialistes et l’Union soviétique de Staline,
donnait 54 % de la terne cultivable au mouvement sioniste. Mais avant
que l’Etat d’Israél ne soit établi, l’Ingun et la Haganah s’étaient
emparés des 3/4 de la terre et avaient expulsé virtuellement tous ses
habitants.
En 1948, il y avait 475 villes et villages palestiniens. 385 d’entre eux furent totalement nases, démolis pierre par pierre.
90 ont continué à exister, mais privés de leurs terres.
LES MASQUES TOMBENT
En 1940, Joseph Weitz, chef du Service de colonisation de l’Agence
juive, qui était responsable de l’organisation effective des colonies
en Palestine, écrivait “Entre nous, il faut qu’il soit clair qu’il n’y
a pas place pour les deux peuples dans le pays. Nous n'atteindrons pas
notre but s’il y a des Arabes dans ce petit pays. Il n’y a pas d’autre
issue que de transférer les Palestiniens d’ici dans les pays
avoisinants, de les transférer tous. Il ne doit pas rester un seul
village, une seule tribu.” (39)
Joseph Weitz explicitait ce que signifiait pratiquement « rendre la
Palestine ‘juive “» “Il y en a qui croient que la population non juive,
même en pourcentage élevé, à l’intérieur de nos frontières, sera plus
facilement surveillée par nous ; et il y en a d’autres qui croient le
contraire, c’est-à-dire qu’il est plus facile de surveiller les
activités d’un voisin que celles d’un locataire. (Je) tends à soutenir
ce deuxième point de vue et j’ai un argument supplémentaire la
nécessité de renforcer le caractère de l’Etat qui sera désormais juif
(...) avec une minorité non juive limitée à 15 %. J’étais déjà arrivé à
cette conclusion fondamentale dès 1940 (et) je l’avais notée dans mon
journal."(40) Le “rapport Koenig” exprimait cette politique avec encore
plus de brutalité “Nous devons utiliser la terreur, l’assassinat,
l’intimidation, la confiscation des terres et la suppression de tous
les services sociaux pour débarrasser la Galilée de sa population
arabe." (41)
Heilbnun, président du Comité pour la réélection du général Sholom
Lahat, le maire de Tel-Aviv, proclamait : “Nous devons tuer tous les
Palestiniens à moins qu’ils se résignent à vivre ici comme des
esclaves." (42)
“Nous réduirons la population arabe à une communauté dé bûcherons et de
ses serviteurs.” (43) Tels sont les termes utilisés par Uni Lubrani,
conseiller spécial aux Affaires arabes du Premier ministre israélien
David Ben Gounion en 1960.
Raphaël Eitan, chef d’état-major des Forces armées israéliennes,
affirmait : “Nous déclarons ouvertement que les Arabes n’ont aucun
droit à s’établir ne serait-ce que sur un centimètre d’Eretz Israël.
Vous autres bonnes âmes et modérés devriez savoir que les chambres à
gaz d’Adolf Hitler seraient pour eux un palais de récréation... La
force est la seule chose qu’ils comprennent et qu’ils comprendront
jamais. Nous utiliserons la force extrême jusqu'à ce que les
Palestiniens viennent nos pieds en rampant.” (44)
Eitan précisa au Comité de la Knesset pour les Affaires étrangères et
la Défense : "Lors que nous aurons pacifié le pays, tout ce que les
Arabes pourront faire ce sera de tourner en rond comme des cafards
drogués dans une bouteille." (45)
BEN GOURION ET LE BUT FINAL
Les ambitions territoriales du sionisme ont été clairement établies par
David Ben Gounion dans un discours lors d’un rassemblement sioniste le
13 octobre 1936 : “Nous ne suggérons pas d’annoncer maintenant notre
but final qui va très loin - plus loin encore que les révisionnistes
qui s‘opposent à la partition. Je ne veux pas abandonner’ la grande
vision, la vision finale qui est une composante organique, spirituelle
et idéologique de mes (...) aspirations sionistes." (46)
"Les frontières des aspirations sionistes sont l’affaire du peuple juif et aucun facteur externe ne pourra les limiter." (47)
En 1936, Ben Gourion, dans une lettre à son fils, écrivit : “Un Etat
juif partiel n'est pas une fin, mais seulement un commencement. Je suis
convaincu que l’on ne peut nous empêcher de nous établir dans les
autres parties du pays et de la région.”
En 1938, il fut plus explicite : "Les frontières des aspirations
sionistes”, dit-il au Conseil mondial de Poalei Zion à Tel-Aviv,
“incluent le Liban-Sud, le sud de la Syrie, la Jordanie d’aujourd’hui,
toute la Cisjordanie, et le Sinaï" (48)
Ben Gounion a formulé la stratégie sioniste très clairement : “Après
être devenus une force importante grâce à la création de l’Etat, nous
abolirons la partition et nous nous étendrons à toute la Palestine. L
‘Etat ne serait qu’une étape dans la réalisation du sionisme et sa
tâche est de préparer le terrain à l’expansion. L‘Etat devra préserver
l’ordre - non par le prêché mais par les mitrailleuses.” (49)
En mai 1948 il présenta ses orientations stratégiques à l’état-major
suprême : "Nous devrions nous préparer à lancer l’offensive. Notre but
c’est d’écraser le Liban, la Cisjordanie et la Syrie. Le point faible
c’est le Liban, car le régime musulman y est artificiel et il nous sera
facile dé le miner. Nous y établirons un Etat chrétien, puis nous
écraserons la Légion arabe, éliminerons la Cisjordanie ; la Syrie
tombera dans nos mains. Nous bombardons alors et avançons pour prendre
Port-Saïd, Alexandrie et le Sinaï." (50)
Lorsque le général Yigal Allon demanda à Ben Gounion : “Que ferons-nous
de la population de Lydda et Ramle ?" - environ 50 000 habitants - Ben
Gounion, selon son biographe, agita la main et dit :"Chassez-les !"
(51)
Yitzhak Rabin, actuel ministre de la Défense, réalisa cet édit. A Lydda
et Ramle, il ne reste plus pierre sur pierre des habitations
palestiniennes. Cette zone est aujourd’hui entièrement occupée par une
population de colons juifs.
Michael Ban Zohar, dans sa biographie de David Ben Gourion, décrit la
première visite de Ben Gounion à Nazareth. «Ben Gourion regarda autour
de lui avec étonnement et dit "Pourquoi y a-t-il autant d’Arabes,
pourquoi ne les avez-vous pas chassés ?“»
Les Palestiniens ont été effectivement chassés. Entre le 29 novembre
1947, lorsque les Nations Unies divisèrent la Palestine, et le 15 mai
1948, lorsque l’Etat fut formellement proclamé, l’armée sioniste et les
milices s’étaient emparées de 75 % de la Palestine, chassant du pays
780 000 Palestiniens.
LA BOUCHERIE COMMENCE : DER YASIN
Ce fut un processus de massacres permanents au fur et à mesure que les
villages étaient balayés l’un après l’autre. La tuerie avait pour but
de pousser la population à fuir pour sauver sa vie.
Le commandant de la Haganah, Zvi Ankoni, décrivit ce qui se passa :
“J’ai vu des parties génitales tranchées et des femmes éventrées...
C’étaient des meurtres purs et simples.” (52)
Menachem Begin se vanta de l’impact dans toute la Palestine des
opérations de type nazi qu’il commanda à Den Yasin. Des commandos Lehi
et IZL s’abattirent sur le village de Den Yasin le 9 avril 1948,
massacrant 254 hommes, femmes et enfants.
“Une légende de terreur se propagea parmi les Arabes qui étaient saisis
de panique en entendant le nom de nos soldats de l’Irgun. Cela valait
une demi-douzaine de bataillons pour les forces israéliennes. Les
Arabes dans tout le pays (...) ont été saisis d’une panique sans
limites et ont commence à s enfuir pour sauver leurs vies. Cet exode
massif se transforma bientôt en un sauve-qui-peut affolé,
incontrôlable. Sur les 800 000 Arabes qui vivaient sur le territoire
actuel de l’Etat d’Israêl, il n’en reste que 165 000. La signification
politique et économique de ce développement ne peut être sous-estimée.”
(53)
La mise en oeuvre de ce programme fut réalisée en partie par Menachem
Begin et en partie par son futur successeur comme Premier ministre,
Yitzhak Shamir, comme commandants militaires de la Lohamei Henut Israél
(LEHI), c’est-à-dire des Combattants pour la liberté d’Israël. Les
habitants de Jérusalem furent forcés de traverser à pied la ville dans
leurs vêtements trempés de sang devant les passants ricanants avant de
disparaître.
LES RECITS DES TEMOINS
Les récits des témoins de ces événements faisaient présager le sort du peuple palestinien.
“La nuit tombait lorsque la bataille s’arrêta et que la mitraille
cessa. Les choses s’étaient calmées, mais le village ne s’était pas
rendu. L'IZL (l’Irgun) et les corps francs de la LEHI (le gang de
Stern) sortirent des endroits où ils s’étaient cachés et commencèrent à
mener des opérations de nettoyage dans les maisons. Ils tiraient avec
toutes les armes qu‘ils possédaient, et lançaient des explosifs à
l’intérieur des maisons.
Ils tiraient également sur toutes les personnes qu’ils trouvaient dans
les maisons, y compris les femmes et les enfants - de fait les
commandants ne firent aucune tentative pour empêcher ces boucheries
déshonorantes. Certains habitants et moi-même nous avons supplié les
commandants de donner l’ordre à leurs hommes d’arrêter de tirer, mais
en vain. Pendant ce temps, environ 25 hommes avaient été traînés hors
des maisons ; ils ont été entassés dans une camionnette et promenés
pour une “parade de victoire”, comme dans les triomphes romains, à
travers les quartiers de Mahaneh Yehudah et Zikhron Yosef (de
Jérusalem). A la fin de la parade ils ont été emmenés dans une carrière
entre Givat Shaul et Der Yasin et abattus de sang-froid. Les soldats
ont mis alors les femmes et les enfants encore vivants dans une
camionnette et les ont emmenés à Mandelbaum Gate.” (54)
Le directeur de la Croix Rouge de Palestine, Jacques de Reynien, tenta
d’intervenir alors que les informations sur la boucherie se
répandaient. Son témoignage personnel est le suivant:
“... Le commandant du détachement de l’Irgun ne semblait pas vouloir me
recevoir. A la fin il arriva, jeune, distingué, et parfaitement poli,
mais avec une lueur particulière dans le regard, froide et cruelle.
Selon lui l’Irgun était arrivée vingt-quatre heures auparavant et avait
donné l’ordre aux habitants par haut-parleurs d’évacuer toutes les
maisons et de se rendre le délai donné pour obéir était d’un quart
d’heure. “Certains de ces misérables se sont avancés et ont été fait
prisonniers, pour être relâchés ensuite en direction des lignes arabes.
Les autres n ‘ayant pas obéi aux ordres ont eu le sort qu’ils
méritaient. Mais il n ‘y a pas de raison d’exagérer les choses, il n‘y
avait eu que quelques morts, et ils seraient enterrés dès que le
“nettoyage” du village serait terminé. Si je trouvais des corps, je
pouvais les prendre, mais je ne trouverais certainement pas de blessés.
Ce rapport me glaça le sang. Je retournais sur la route de Jérusalem et
trouvais une ambulance et un camion que j’avais alertés par la Croix
Rouge... J’atteignis le village avec mon convoi, et les coups de feu
cessèrent. Les hommes du gang (l’Irgun) portaient des uniformes et des
casques. Ils étaient tous jeunes, certains même adolescents, hommes et
femmes, armés jusqu‘aux dents revolvers, mitraillettes, grenades, et
aussi des coutelas à la main, la plupart d’entre eux couverts de sang.
Une très belle jeune fille aux yeux de criminelle me montra le sien
encore dégouttant de sang ; elle me le montra comme un trophée. C’était
l’équipe de “nettoyage”, qui réalisait sa tâche de toute évidence très
consciencieusement.
J’essayais de rentrer dans une maison. Une douzaine de soldats
m’entourèrent, leurs mitraillettes pointées sur moi, et leur officier
m‘interdit de bouger. Les cadavres, si jamais il y en avait, me
seraient remis, dit-il. Je fus pris d’une des rages les plus folles de
ma vie, signifiant à ces criminels ce que je pensais de leurs actes,
les menaçant de tout ce qui pouvait me venir à l’esprit, puis les
repoussais pour pénétrer dans la maison.
La première pièce était sombre, tout était sens dessus dessous, mais il
n‘y avait personne. Dans la seconde, parmi les meubles défoncés et
toutes sortes de débris, j’ai trouvé des corps, déjà froids. Ici le
“nettoyage” avait été fait à la mitraillette puis à la grenade. Il
avait été fini au couteau, de toute évidence. C’était la même chose
dans la pièce suivante, mais comme j’allais sortir, j’ai entendu une
espèce de soupir. J’ai regardé partout, retourné tous les corps, et
fini par trouver un petit pied, encore chaud. C’était une petite fille
de dix ans, mutilée par une grenade, mais encore vivante... Partout
c’était la même vision horrible... Il y avait eu quatre cents personnes
dans ce village, cinquante environ s‘étaient échappées et étaient
encore en vie. Tous les autres avaient été délibérément massacrés de
sang-froid, car comme j’ai pu l’observer moi-même, ce gang était
parfaitement discipliné et n‘agissait que sur ordre.
Après une autre visite à Der Yasin, je retournais à mon bureau où je
reçus la visite de deux gentlemen en civil, bien habillés, qui
m‘attendaient depuis plus d’une heure. C’étaient le commandant du
détachement de l’Irgun et son aide. Ils avaient préparé un papier
qu‘ils voulaient que je signe. C’était une déclaration certifiant que j
‘avais été reçu par eux très courtoisement, avais obtenu toutes les
facilités que j’avais demandées pour l’accomplissement de ma mission,
et les remerciant pour l’aide qu‘ils m’avaient apportée. Comme je
montrais des signes d’hésitation et commençais même à discuter, ils me
dirent que si je tenais à la vie, je ferais mieux de signer
immédiatement. La seule chose qu‘il me restait à faire, c’était de les
convaincre que je n’accordais aucune valeur à ma vie.” (55)
LA BOUCHERIE DE DUEIMA
Si le massacre a été perpétré par les organisations clandestines
sionistes révisionnistes de “droite”, l’IZL et la LEHI, des massacres
similaires se sont produits à une échelle identique dans tout le pays.
Le massacre de Dueima en 1948 fut perpétré par l’armée officielle
ouvrière sioniste d’Israël, les Forces de défense israélienne (Tzeva
Haganah le-Israël ou ZAHAL). Le compte rendu du massacre, tel que le
décrit un soldat qui participa à l’horreur, fut publié dans Davar, le
quotidien hébreu officiel de la Fédération générale des travailleurs de
la Histradrut, dirigée par les Sionistes ouvriers :
“...Ils ont tué entre quatre-vingts et cent Arabes, hommes, femmes et
enfants. Pour tuer les enfants ils (les soldats) leur fracassaient le
crâne à coups de bâton. Il n‘y avait pas une maison sans cadavres. Les
hommes et les femmes des villages furent repoussés à l’intérieur des
maisons sans eau ni nourriture. Puis les saboteurs vinrent les
dynamiter.
Un commandant ordonna à un soldat d’amener deux femmes dans un bâtiment
qu‘il allait faire sauter... Un autre soldat se vantait d’avoir violé
deux femmes arabes avant de les tuer d’une balle. On obligea une autre
femme arabe avec son bébé nouveau-né à nettoyer l’endroit pendant deux
jours, puis ils la descendirent elle et son bébé. Des commandants
cultivés et aux bonnes manières qui étaient considérés comme de “bons
garçons” (...) devinrent de vils meurtriers, et ce non dans le feu de
la bataille, mais en fonction d’une méthode d’expulsion et
d’extermination. Moins il restait d’Arabes, mieux c’était.“ (56)
La valeur stratégique du massacre de Der Yasin devait être affirmée des
années durant par des dirigeants sionistes comme Eldad (Scheib) qui,
avec Yitzhak Shamir et Nathan Yalin-Mor (Feldman), fut responsable de
la LEHI. Ayant pris la parole lors d’un meeting en juillet 1967, ses
remarques furent publiées dans le journal d’opinion bien connu, De’ot,
durant l’hiver 1968 :
“J’ai toujours dit que si l’espoir le plus intense et le plus profond
est la reconstruction du Temple (juif)... alors il est évident que ces
mosquées (al-Haram, al-Sharif et ai-A qsa) devront, d’une façon ou
d’une autre, disparaître un de ces jours... Sans Der Yasin, un demi-
million d’Arabes seraient restés vivre dans l’Etat d’Israël (en 1948).
L‘Etat d’Israël n ‘aurait pas existé. Nous devons prendre cela en
considération, en étant pleinement conscients de la responsabilité que
cela implique. Toutes les guerres sont cruelles. On ne peut pas sortir
de là. Ce pays sera soit Eretz Israel, avec une majorité absolue de
juifs et une petite minorité arabe, soit Eretz Ishmael, et l’émigration
juive recommencera si nous n'expulsons pas les Arabes d’une façon ou
d’une autre." (57)
MEURTRE À GAZA
Le programme de massacres ne se termina pas avec la formation de
I’Etat. Le journal de Meir Har Tzion décrit les massacres dans les
camps de réfugiés et les villages de Gaza au début des années 50 :
“La vaste étendue du lit asséché de la rivière scintille au clair de
lune. Nous avançons avec précaution le long du versant de la montagne.
On aperçoit plusieurs maisons... Au loin on voit trois lumières et l’on
entend le son d’une musique arabe qui sort des maisons immergées dans
l’ombre. Nous nous séparons en trois groupes de quatre hommes chacun.
Deux groupes se dirigent vers l’immense camp de réfugiés (Al Burj) au
sud de notre position. L’autre groupe marche vers la maison isolée dans
l’étendue plate au Nord de Wadi Gaza. Nous marchons, piétinant des
champs verdoyants, pataugeant dans des canaux tandis que la lune nous
baigne de sa lumière scintillante. Bientôt cependant, le silence sera
détruit par le bruit des balles, des explosions, et les cris de ceux
qui pour l’instant dorment paisiblement. Nous avançons rapidement et
entrons dans l’une des maisons. “Man Haatha ?” (“Qui est là ?” en
arabe).
Nous bondissons vers les voix. Effrayés et tremblants, deux Arabes sont
debouts contre le mur de l’édifice. Ils essaient de s’échapper. J’ouvre
le feu. Un cri perçant remplit l’air. L’un des hommes tombe à terre
pendant que son ami continue à courir. A présent il faut agir - nous n
‘avons pas de temps à perdre. Nous nous déplaçons de maison en maison
tandis que les Arabes rampent ici et là dans la confusion.
Les mitrailleuses crépitent, leur bruit se mélange à des hurlements
terribles. Nous atteignons la rue principale du camp. La foule des
Arabes en fuite grossit. L’autre groupe attaque de la direction
opposée. Le tonnerre des grenades fait écho au loin. Nous recevons
l’ordre de la retraite. L’attaque est terminée.” (58)
KIBYA ET LE COMMANDO UNITE 101
Le Premier ministre Moshe Sharett (1954-55) a fait le compte rendu
suivant du massacre qui eut lieu au village de Kibya en 1953 (18
octobre 1953). Ariel Sharon commandait personnellement cette action au
cours de laquelle furent massacrés chez eux des hommes, des femmes et
des enfants.
“(Lors de la réunion du cabinet) j’ai condamné l’affaire de Kibya qui
nous dévoile aux yeux du monde entier comme un gang assoiffé de sang
capable de faire des massacres... J’ai averti que cette tache nous
collerait à la peau et ne pourrait être lavée pour des années à venir.
Il a été décidé qu’un communiqué serait publié sur Kibya, et Ben
Gourion devait l’écrire. C’est vraiment un acte honteux. J’ai posé la
question plusieurs fois et à chaque fois on m‘a solennellement assuré
que les gens ne sauraient pas comment cela avait été fait. (59)
Sharett notait dans son journal les détails du massacre de villages
palestiniens en 1955 : “L‘opinion publique, l’armée et la police ont
conclu qu’on pouvait librement verser le sang arabe. Cela doit faire
apparaître l’Etat aux yeux du monde comme un Etat barbare." (60)
KAFR KASIM : LE CARNAGE CONTINUE
Le massacre de Kafr Kasim s’est déroulé selon le schéma sioniste. En
octobre 1956, l’officier supérieur israélien Shadmi, commandant un
bataillon sur la frontière israélo-jordanienne, a donné l’ordre qu’un
couvre-feu nocturne soit imposé à la “minorité” (arabe) des villages
sous son commandement. Ces villages se trouvent à l’intérieur des
frontières israéliennes ; leurs habitants étaient donc des citoyens
israéliens. Shadmi a dit à un commandant d’une unité de la Garde
frontière, le major Melinki, que le couvre-feu devait être “extrêmement
strict” et qu’“il ne suffirait pas d’arrêter ceux qui ne le
respecteraient pas - il faudrait les abattre”. Il ajouta : “Mieux vaut
un homme mort que les complications d’un emprisonnement." (61)
“Il (Melinki) informa les officiers rassemblés que (...) leur tâche
était d’imposer le couvre-feu dans les villages de la minorité de 17
heures à 6 heures... Quiconque quitterait sa demeure ou quiconque ne
respecterait pas le couvre-feu devrait être abattu. Il ajouta qu‘il ne
devrait y avoir aucune arrestation et que si un certain nombre de gens
étaient tués cette nuit cela faciliterait l’imposition du couvre-feu
les nuits suivantes.
Le lieutenant Frankanthal lui demanda : “Que faisons-nous des blessés
?“ Melinki répondit : “Ne vous occupez pas d’eux”. “Un chef de section
demanda alors : “Et les femmes et les enfants ?“ Ce à quoi Melinki
répondit : “Pas de sentimentalité”. Lorsqu’on lui demanda : “Et les
gens qui rentrent de leur travail ?“, Melinki répondit : “Comme a dit
le commandant, ce sera dommage pour eux.”
Les auteurs du massacre de Kafr Kasim - une unité de commando d’Ariel
Sharon, l’unité de commando 101 - ont tous été récompensés par des
médailles et des promotions au sein des Forces armées israéliennes.
Les méthodes de génocide nécessaires pour imposer l’Etat-colon dans le
cadre des frontières d’Israël d’avant 1967 sont considérées comme un
modèle pour la façon de traiter les Palestiniens dans les territoires
occupés d’après 1967. Aharon Yariv, ancien chef des services secrets
militaires et ministre de l’Information, déclarait lors d’un séminaire
public de l’Institut Léonard Davis pour les Relations internationales
de l’Université hébraïque de Jérusalem
“Certains plaident pour qu’une situation de guerre soit utilisée pour
exiler 700 000 ou 800 000 Arabes. Cette opinion est largement répandue.
Des déclarations ont été faites en la matière, et les moyens (un
appareil) en ont également été préparés.” (62)
V - La mainmise sur la terre
Il convient de revenir sur l'ampleur de cette politique meurtrière et
ses conséquences. Dans les territoires passés sous occupation
israélienne après la partition, il y avait approximativement 950 000
Arabes palestiniens. Ils vivaient dans près de 500 villages et dans
toutes les grandes villes, y compris Tibériade, Safed, Nazareth, Shafa
Amr, Acre, Haïfa, Jafa, Lydda, Ramle, Jérusalem, Majdal (Ashqelon),
Isdud (Ashdod) et Bethsabé.
En moins de six mois, il ne restait que 138 000 personnes (les chiffres
varient entre 130 000 et 165 000). La grande majorité des Palestiniens
furent tués, expulsés de force ou s'enfuirent de panique devant les
bandes de tueurs des unités militaires israéliennes.
Ayant ainsi éliminé la plupart des habitants palestiniens de la terre
de Palestine, le gouvernement israélien entreprit la destruction
systématique de leurs habitations et possessions. Près de 400 villages
et cités furent totalement rasés en 1948 et 1949. D'autres suivirent
dans les années 50.
Le tableau que nous reproduisons en page suivante a été réalisé par
Israël Shahak, président de la Ligue israélienne pour les Droits de
l'homme et du citoyen, sous le titre "Villages arabes détruits en
Israël" (64).
Shahak souligne que cette liste, bien que documentée, est incomplète
parce qu'il est impossible de retrouver de nombreuses communautés et
tribus arabes. Les documents officiels israéliens caractérisent par
exemple 44 villages et villes de bédouins comme étant des "tribus" pour
réduire, par un artifice de recensement, le nombre d'implantations
palestiniennes permanentes.
Moshe Dayan, dans son résumé sur la nature de la colonisation sioniste
devant les étudiants de l'Institut de Technologie israélien (le
Techniyon), s'exprime clairement
"Nous sommes arrivés ici dans un pays peuplé d'Arabes, et nous
construisons ici un Etat hébreu, juif. A la place des villages arabes,
nous avons établi des villages juifs. Vous ne connaissez même pas le
nom de ces villages et je ne vous le reproche pas, car les livres de
géographie correspondants n 'existent plus. Et non seulement les
livres, mais les villages n 'existent plus.
Nahahal a remplacé Mahahul, Gevat a remplacé Jibta, Sarid a pris la
place de Hanifas et Kafr Yehoushu'a celle de Tel Shamam. Il n'y a pas
une seule implantation de colons qui n 'ait été faite sur les lieux
d'un ex-village arabe." (65).
LA PROPRIETE DES "ABSENTS"
Avec l'expulsion des Palestiniens et la destruction de leurs villes et
villages, une grande quantité de propriétés furent confisquées sous la
rubrique "Loi sur les propriétaires absents" (1950).
Jusqu'en 1947, la propriété terrienne juive en Palestine représentait
environ 6 Wo. Lorsque l'Etat fut formellement établi, le Fonds national
juif estimait à 90% les terres qu'il avait réquisitionnées.
"Sur la totalité du sol de l'Etat d'Israêl, seuls 300 000 à 400 000
dunums (26 800 - 35 600 hectares) représentent le domaine d'Etat que le
gouvernement israélien a reçu du régime du mandat britannique (2 %). Le
FNJ (Fonds national juif) et les propriétaires juifs privés possèdent
moins de 2 millions de dunums (10 %). Presque tout le reste
(c'est-à-dire 88 % des 20 225 000 dunums (1 800 000 hectares) dans le
cadre des frontières de l'Armistice de 1949) appartient légalement à
des propriétaires arabes, dont un grand nombre a quitté le pays." (66).
La valeur de ce vol de propriété représentait plus de 300 milliards de
dollars - il y a plus de 30 ans. En dollars actuels, il faudrait
quadrupler ce chiffre. L'Etat d’Israël résulte de la piraterie et du
pillage.
"Le Bureau des réfugiés de l'ONU estimait la valeur des vergers,
forêts, propriétés mobilières et immobilières abandonnés par les Arabes
sur le territoire sous juridiction israélienne à environ 118-120
milliards de livres sterling, en moyenne 130 livres (364 dollars) par
réfugié." (67).
La confiscation des propriétés palestiniennes était indispensable pour
faire d’Israël un Etat viable. Entre 1948 et 1953, 370 villes juives et
colonies furent établies. 350 le furent sur des propriétés "d'absents".
En 1954, environ 35 % des juifs d’Israël vivaient sur des propriétés
confisquées aux absents et environ 250 000 nouveaux immigrants
s'installèrent dans les zones urbaines dont les Palestiniens avaient
été expulsés. Des villes entières avaient été vidées de leurs habitants
palestiniens, comme Jaffa, Acre, Lydda, Ramle, Bisan et Majdal
(Ashqelon).
Ce pillage atteignit 385 villes et villages entiers, et de larges
parties de 94 autres villes et cités, représentant 25 Wo de la surface
construite d’Israël. 10 000 entreprises et commerces de détail furent
transmis aux colons juifs.
De 1948 à 1953 - la période d'immigration la plus importante
-l'importance économique pour Israël des propriétés arabes saisies fut
décisive. La proportion de terre cultivable confisquée après
l'expulsion des Palestiniens de leur pays par les massacres
représentait deux fois et demi l'ensemble de la terre fournie aux
sionistes à la fin du mandat.
A peu près tous les vergers d'agrumes possédés par des Palestiniens
furent saisis - ce qui représentait plus de 240 000 dunums (21 200
hectares). En 1951,125 millions de cageots d'agrumes produits des
vergers arabes confisqués étaient entre les mains des Israéliens -soit
10 % des profits en devises provenant des exportations du pays.
En 1951, 95 ¾ des bosquets d'oliviers israéliens provenaient des terres
confisquées aux Palestiniens. La production d'olives des bosquets
palestiniens ainsi volés occupait la troisième place des exportations
par ordre d'importance - après les agrumes et les diamants.
Un tiers de toute la production de pierres provenait de cinquante-deux carrières palestiniennes confisquées (68).
La mythologie sioniste inclut l'affirmation selon laquelle l'industrie
sioniste, l'acharnement et le travail ont transformé une terre qui
n'était auparavant qu'un désert dénudé, négligé par ses occupants
arabes nomades primitifs, en un jardin - faisant fleurir le désert. En
fait les vergers palestiniens, l'industrie, les marchandises
accumulées, les industries, les maisons et possessions furent pillés
après avoir été conquis par des massacres - le vaisseau de l'Etat était
un vaisseau de pirates, son véritable drapeau, - le drapeau noir à tête
de mort.
DESTRUCTION DE VILLAGES ARABES PALESTINIENS :
NOMBRE DE VILLAGES
.................AVANT 1948.....1988.....DÉTRUITS
Jérusalem..........33...............4..............29
Bethléem.............7...............0...............7
Hébron..............16...............0..............16
Jaffa.................23...............0..............23
Ramle................31...............0..............31
Lydda................28...............0..............28
Jenin..................8...............4................4
Tulkarm.............33..............12..............21
Haïfa................43................8..............35
Acre.................52...............32.............20
Nazareth...........26...............20...............6
Safad...............75................7...............68
Tibérias............26.................3..............23
Bisan...............28.................0..............28
Gaza................46................0...............46
TOTAL............475...............90.............385
"JUDAISER" LA TERRE
En mai 1954, le Keren Kayemeth le-Israél, "Fonds perpétuel pour Israël"
fut intégré à Israël et acquit toutes les caractéristiques du Fonds
national juif.
Le Fonds national juif s'était procuré son premier terrain en 1905. Ses
objectifs étaient définis comme l'acquisition de terres "pour
l'établissement de juifs sur ces terres" (69).
En novembre 1961, le F.N.J. et le gouvernement israélien signèrent une
convention fondée sur la législation adoptée en juillet 1960. Une
politique uniforme eut force de loi sur 92 % de la terre en Israël sous
l'égide du Keren Kayemeth le-Israèl et du F.N.J..
Toute relation avec ces terres était gouvernée par la condition
suivante inscrite dans tous les baux ayant trait à la propriété
"Lepreneur doit être juif et doit s'engager à faire exécuter tous les
travaux concernant la culture et l'entretien de la propriété uniquement
par des travailleurs juifs." (70).
La conséquence en était que la terre ne pouvait être louée à un
non-juif, ni être sous-louée, vendue, hypothéquée, donnée ou léguée à
un non-juif. Les non-juifs ne pouvaient être employés pour la culture
ou pour tout travail relié à l'agriculture. Si ces conditions étaient
violées, à la fois des amendes et la suppression du bail sans
compensation s'ensuivaient.
Ce qui est particulièrement instructif, c'est que ces règlements ne
sont pas imposés seulement par le F.N.J., mais par l'Etat, par des
lois. Elles s'appliquent au F..N.J. et à toutes les terres d'Etat.
INUTILE POUR LES NON-JUIFS DE SE PRESENTER
En Israël, ces terres d'Etat sont placées dans la catégorie "terre
nationale". Cela signifie "juive", et non israélienne. L'embauche de
non-juifs est considérée comme illégale et punie pour infraction à la
loi. Du fait du manque de fermiers juifs, et comme les Palestiniens
recevaient un salaire inférieur à celui des travailleurs juifs,
certains fermiers juifs (comme Ariel Sharon) employaient des Arabes.
Cette pratique est illégale ! En 1974, le ministre de l'Agriculture
dénonçait cette pratique comme "un cancer" (71).
Les arrangements par lesquels certaines terres sont sous-louées en
métayage à des Arabes sont dénoncées. L'extension de cette pratique,
étant donnés les superprofits dérivant du travail à bas prix des
Palestiniens, a été étiquetée comme "une peste" par le ministre de
l'Agriculture. Le département des concessions de l'Agence juive a
averti que de telles pratiques violaient la loi, les règlements de
l'Agence juive et de l'avenant entre l'Etat israélien et le F.N.J..
L'utilisation de non-juifs a été punie par des amendes et une "donation
spéciale au Fonds spécial" (72).
Israël Shahak a décrit ce processus comme une " dégoûtante mixture de discrimination raciale et de corruption fiancière ".
Ce que tout cela révèle, cependant, c'est que l'Etat d’Israël utilise
les mots usuels dans un sens uniquement raciste. Les "gens" signifient
seulement les juifs. Un "immigrant" ou un "colon" ne peut être qu'un
juif. Une concession signifie une concession pour les juifs seulement.
La terre nationale signifie la terre juive - non la terre israélienne.
Ainsi, les lois et les droits, les protections et le droit à l'emploi
ou la propriété n'appartiennent qu'aux juifs. La citoyenneté ou la
nationalité "israélienne" s'appliquent strictement aux juifs dans
toutes les acceptions spécifiques à leur signification et leur domaine.
La définition d'un juif étant entièrement fondée sur le diktat
religieux orthodoxe, avoir " des générations de descendance maternelle
juive " est la condition préalable pour bénéficier légalement du droit
à la propriété, à l'emploi ou à une protection. Il n'existe pas
d'exemple plus cristallin de lois et procédures racistes.
En utilisant ces mêmes critères, plus de 55 ~7o de la terre et 70 % de
l'eau en Cisjordanie (territoire occupé en 1967) ont été confisqués au
bénéfice de 6 % de la population - les quelque 40 000 colons au regard
des 800 000 Palestiniens. A Gaza (territoire occupé en 1967), 2 200
colons se sont vu octroyer plus de 40 Wo de la terre tandis qu'un
demi-million de Palestiniens sont confinés dans des camps surpeuplés et
des bidonvilles.
Ainsi, ces pratiques universellement condamnées dans les territoires
occupés après 1967 ne sont que le prolongement du processus même par
lequel l'Etat d’Israël lui-même a été établi.
L'utilisation de la force, la confiscation de la terre et l'exclusion
des travailleurs non juifs est au centre de la théorie et de la
pratique sionistes. Theodor Herzl avait promulgué ce programme le
12juin 1895
" Nous ferons disparaître comme par enchantement (...) la population
sans le sou de l'autre côté de la frontière (...) tout en lui refusant
tout emploi dans notre pays. " (73).
LE KIBBUTZIM RACISTE
Ironiquement, l'institution israélienne sur laquelle sont entretenues
les plus grandes illusions est le kibbutz - un prétendu exemple de
coopération socialiste.
Comme le disait Israël Shahak " L'organisation israélienne qui pratique
le plus haut degré d'exclusion raciste est le kibboutz. La majorité des
Israéliens sont conscients du caractère raciste du kibboutz qui s'est
affirmé non seulement contre les Palestiniens, mais contre tout être
humain non juif pendant très longtemps. " (74).
Le kibboutzim existe essentiellement sur des terres palestiniennes
confisquées. Les non-juifs ne peuvent en être membres. Si des
"travailleurs temporaires" chrétiens ont des relations avec des femmes
juives, ils sont forcés de se convertir au judaïsme pour pouvoir être
membres d'un kibboutz. Shahak raconte " Les candidats chrétiens à
l'intégration par leur conversion dans un kibboutz doivent promettre de
cracher dorénavant lorsqu'ils passeront devant une église ou une croix.
" (75).
Aujourd'hui, environ 93 Wo de la terre qu'on appelle l'Etat d’Israël
est administrée par le Fonds national juif avec les règles suivantes
pour avoir le droit de vivre sur une terre, de la louer ou d'y
travailler, il vous faut prouver que vous avez au moins trois
générations de descendance maternelle juive.
Si aux Etats-Unis, pour pouvoir vivre sur une terre, la louer, en être
bailleur, y récolter, où y travailler de quelque façon que ce soit,
vous deviez prouver que vous n'avez pas de descendance maternelle juive
depuis au moins trois générations, qui douterait du caractère raciste
d'une telle législation ?
VI - Le sionisme et les juifs
Si la colonisation de la Palestine a été caractérisée par une série de
déprédations, il nous faut prendre le temps d'examiner l'attitude du
mouvement sioniste non seulement envers ses victimes palestiniennes
(sur laquelle nous reviendrons), mais envers les juifs eux-mêmes.
Herzl lui-même écrivait sur les juifs de la façon suivante " J'ai
réussi à atteindre une attitude plus libre envers l’antisémitisme, que
je commence maintenant à comprendre historiquement et à pardonner.
Pardessus tout, je suis conscient de la vanité et la futilité de
vouloir "combattre" l’antisémitisme. " (76).
L'organisation de jeunesse des sionistes, Hashomer Hatzair (Jeune
Garde), avait publié ceci " Un juif est la caricature d'un être humain
naturel, normal, tant physiquement que spirituellement. Comme individu
dans une société il se révolte et rejette le harnais des obligations
sociales, ne reconnaît ni ordre ni discipline. " (77).
"Le peuple juif, écrivait Jabotinsky dans la même veine, est un très
mauvais peuple ; ses voisins le haïssent et à juste titre... La seule
chose qui puisse le sauver c'est une immigration générale vers la terre
d’Israël. " (78).
Les fondateurs du sionisme désespéraient de combattre l'antisémitisme,
et paradoxalement, considéraient les antisémites eux-mêmes comme des
alliés, parce qu'ils partageaient avec eux le même désir de faire
quitter aux juifs les pays où ils vivaient. Peu à peu, ils assimilèrent
les valeurs de la haine des juifs et de l’antisémitisme, au fur et à
mesure que le mouvement sioniste en venait à considérer les antisémites
eux-mêmes comme leurs "sponsors" et protecteurs les plus dignes de
confiance.
Theodor Herzl alla voir le comte von Plehve lui-même - organisateur des
pires pogroms qu'ait commis la Russie, les pogroms de Kishinev -, avec
la proposition suivante " Aidez-moi à atteindre cette terre (la
Palestine) plus rapidement et la révolte (contre la férule tsariste)
cessera. " (79).
Von Plevhe donna son accord, et entreprit de financer le mouvement
sioniste. Il devait se plaindre plus tard auprès de Herzl " Les juifs
ont rejoint les partis révolutionnaires. Nous avions de la sympathie
pour votre mouvement sioniste à partir du moment où il travaillait pour
l'émigration. Vous n 'avez pas besoin de justifier votre mouvement à
mes yeux. Vous prêchez un converti. " (80).
Herzl et Weissmann offrirent d'aider à garantir les intérêts tsaristes
en Palestine et à débarrasser l'Europe de l'Est et la Russie de ces "
juifs anarcho-bolcheviques nocifs et subversifs ".
Comme nous l'avons déjà noté, le même appel avait été lancé par les
sionistes à l'adresse du sultan de Turquie, du Kaiser allemand, de
l'impérialisme français et de l'Empire britannique.
SIONISME ET FASCISME
L'histoire du sionisme - en grande partie dissimulée - est sordide.
Mussolini fournit aux escadrons du mouvement de jeunesse des sionistes
révisionnistes, le Betar, des chemises noires pour rivaliser avec ses
propres bandes fascistes. Lorsque Menachem Begin devint le dirigeant du
Betar, il préféra les chemises brunes des bandes de Hitler, un uniforme
que Begin et les membres du Betar portaient dans tous leurs meetings et
rassemblements - au cours desquels ils s'accueillaient, ouvraient et
clôturaient leurs réunions par le salut fasciste.
Simon Petilura était un fasciste ukrainien qui dirigea personnellement
897 pogroms particuliers qui aboutirent à la mort de 28 000 juifs.
Jabotinsky négocia une alliance avec Petilura, proposant qu'une force
de police juive accompagne les forces de Petilura dans le combat
contre-révolutionnaire contre l'Armée rouge et la révolution
bolchevique - ce qui signifiait assassiner les paysans, les ouvriers et
les intellectuels partisans de la révolution.
COLLABORATION AVEC LES NAZIS
Cette stratégie d'enrôlement des ennemis virulents des juifs en Europe,
et d'alignement sur les mouvements et régimes les plus pervers pour
patronner financièrement et militairement une colonie sioniste en
Palestine, n'excluait pas les nazis.
La Fédération sioniste d'Allemagne envoya un mémorandum de soutien au
parti nazi le 21juin 1933. La Fédération y notait " ... Une renaissance
de la vie nationale telle que celle qui se produit dans la vie de
l'Allemagne.., doit également se produire dans le groupe national juif.
A partir de la fondation du nouvel Etat (nazi) qui a établi le principe
de la race, nous souhaitons insérer notre communauté dans l'ensemble de
cette strucure de façon à ce que pour nous aussi, dans la sphère qui
nous est assignée, une activité fructueuse pour la mère patrie soit
possible... " (81).
Loin de dénoncer cette politique, le congrès de l'Organisation sioniste
mondiale en 1933 repoussa une résolution appelant à l'action contre
Hitler, par un vote de 240 contre 43.
Au moment même où se tenait ce congrès, Hitler annonçait la conclusion
d'un accord commercial avec la Banque anglo-palestinienne de
l'Organisation sioniste mondiale, qui rompait ainsi le boycott du
régime nazi par les juifs à une époque où l'économie allemande était
extrêmement vulnérable. On était en plein coeur de la grande dépression
et les gens poussaient des brouettes de deutschmarks sans valeur.
L'Organisation sioniste mondiale rompit le boycott juif et devint l'un
des principaux distributeurs des marchandises nazies dans tout le
Moyen-Orient et en Europe du Nord. Ils établirent le Ha'avara, qui
était une banque en Palestine ayant pour but de recevoir l'argent de la
bourgeoisie juive allemande, avec lequel les marchandises nazies
étaient achetées en quantité substantielle.
L'ACCOLADE AUX NAZIS
Par voie de conséquence, les sionistes firent venir en Palestine le
baron von Mildenstein du Service de Sécurité S.S. pour une visite de
six mois de soutien au sionisme. Cette visite aboutit à un rapport en
douze chapitres de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande de
Hitler, dans DerAngriff (L'Assaut) en 1934, rapport louangeur pour le
sionisme. Goebbels commanda un médaillon frappé d'un côté avec la
swastika et de l'autre avec l'étoile de David sioniste.
En mai 1935, Reinhardt Heydrich, chef du Service de Sécurité S.S.,
écrivit un article dans lequel il séparait les juifs en "deux
catégories". Les juifs qu'il aimait étaient les sionistes " Nos bons
voeux et notre bonne volonté leurs sont acquis. " (82).
En 1937, la milice ouvrière "socialiste" sioniste, la Haganah (fondée
par Jabotinsky) envoya un agent (Feivel Polkes) à Berlin, offrant
d'espionner au compte du Service de Sécurité S.S. en échange du
déblocage de richesses juives pour la colonisation sioniste. Adolf
Eichmann fut invité en Palestine par les soins de la Haganah.
Feivel Polkes informa Eichmann " Les cercles nationalistes juifs sont
très satisfaits de la politique radicale de l'Allemagne, car la
population juive en Palestine sera de ce fait tellement accrue que dans
un futur proche les juifs pourraient compter sur une supériorité
numérique face aux Arabes. " (83).
La liste des actes de collaboration des sionistes avec les nazis est
longue. Qu'est-ce qui peut expliquer cette volonté incroyable des
dirigeants sionistes de trahir les juifs d'Europe ? Tout le
raisonnement avancé par ses défenseurs pour justifier l'Etat d’Israël
était qu'il a été conçu comme un refuge pour les juifs persécutés.
Les sionistes, en fait, considéraient tout effort pour sauver les juifs
d'Europe non comme l'accomplissement de leur objectif politique mais
comme une menace pour leur mouvement tout entier. Si les juifs d'Europe
étaient sauvés, ils voudraient aller ailleurs et l'opération de secours
n'aurait rien à voir avec le projet sioniste de conquête de la
Palestine.
SACRIFIER LES JUIFS EUROPEENS
Le corollaire de ces actes de collaboration avec les nazis au cours des
années 30 c'est le fait que lorsqu'on envisagea une modification des
lois sur l'immigration aux Etats-Unis et en Europe occidentale pour
fournir un refuge symbolique aux juifs persécutés d'Europe, ce furent
les sionistes qui organisèrent activement l'arrêt de ces efforts.
Bén Gourion s'adressant à un rassemblement de sionistes ouvriers de
Grande-Bretagne en 1938 déclarait " Si je savais possible de sauver
tous les enfants actuellement en Allemagne en les faisant venir en
Angleterre et seulement la moitié d'entre eux en les transportant en
Eretz Israël, eh bien j'opterais pour la seconde solution. " (84).
Cette obsession de la colonisation de la Palestine et de l'écrasement
des Arabes conduisit le mouvement sioniste à s'opposer à toute
tentative de sauver les juifs face à l'extermination, parce que les
possibilités de détourner vers la Palestine une main-d’œuvre
sélectionnée en auraient été entravées. De 1933 à 1935, l'Organisation
sioniste mondiale refusa les deux tiers des juifs allemands qui
sollicitèrent un certificat d'immigration.
Berel Katznelson, éditeur du journal sioniste ouvrier Davar, décrit ce
" cruel critère du sionisme " " Les juifs allemands étaient trop vieux
pour avoir des enfants en Palestine, n 'avaient pas les métiers
nécessaires pour construire une colonie sioniste, ne parlaient pas
hébreu et n 'étaient pas sionistes. A la place de ces juifs confrontés
à l'extermination, l'O.S.M. fit venir en Palestine 6 000 jeunes
sionistes entraînés en provenance des USA, d'Angleterre ou autres pays
sans danger. Pire, l'O.S.M. non seulement ne chercha aucune alternative
pour les juifs confrontés à l'holocauste, mais encore les dirigeants
sionistes s'opposèrent-ils de façon belliqueuse à tous les efforts pour
fournir un refuge aux juifs en fuite. "
En 1943 encore, alors que les juifs d'Europe étaient exterminés par
millions, le Congrès US proposait de constituer une commission pour
"étudier" le problème. Rabbi Stephen Wise, qui était le principal
porte-parole américain du sionisme, vint à Washington pour déposer
contre cette loi de sauvetage des juifs parce qu'elle détournerait
l'attention de la colonisation de la Palestine.
C'est le même Rabbi Wise qui en 1938, en tant que dirigeant du Congrès
juif américain, avait écrit une lettre dans laquelle il s'opposait à
toute modification des lois sur l'immigration américaine visant à
permettre aux juifs de trouver un asile. Il expliquait " Cela vous
intéressera peut-être de savoir qu'il y a quelques semaines les
représentants de toutes les principales organisations juives se sont
réunies en conférence... Il a été décidé qu'aucune organisation juive
ne soutiendrait, pour l'instant, une loi qui modifierait d'une
quelconque façon les lois sur l'immigration. " (85).
CONTRE LE DROIT D'ASILE
"L'establishment" sioniste tout entier prit une position sans équivoque
dans sa réponse à une motion de 227 membres du Parlement britannique
demandant au gouvernement de fournir un asile sur les territoires
britanniques aux juifs persécutés. Cette maigre entreprise était
préparée de la façon suivante " Le gouvernement de Sa Majesté a fourni
pIusieurs centaines de permis d'immigration pour l'Ile Maurice et
autres destinations en faveur des familles juives menacées. " (86).
Mais même cette mesure symbolique rencontra l'opposition des dirigeants
sionistes. Lors d'une rencontre parlementaire le 27janvier 1943, alors
que les démarches étaient suivies par plus d'une centaine de
parlementaires, un porte-parole des sionistes annonça leur opposition à
cette motion parce qu'elle ne comportait aucune mesure préparatoire à
la colonisation de la Palestine. C'était là une position logique. Chaim
Weizmann, premier président d'Israel, dirigeant sioniste qui organisa
la déclaration Balfour, rendit cette politique sioniste très explicite :
" Les espoirs des six millions de juifs européens sont concentrés sur
l'immigration. On m'a demandé : "Pouvez-vous faire venir six millions
de juifs en Palestine ?" J'ai répondu : "Non"... Des pro fondeurs de la
tragédie je veux sauver (...) les jeunes gens (pour la Palestine). Les
vieux disparaîtront. Ils feront face ou non à leur destin. Ils ne sont
que poussière, une poussière économique et morale dans un monde
cruel... Seule la branche des jeunes survivra. Il faut qu'ils
l'acceptent. " (87).
Yitzhak Gruenbaum, président du comité mis en place par les sionistes,
théoriquement pour enquêter sur la situation des juifs européens,
déclarait " Lorsqu'on vient nous voir avec deux plans - sauver la masse
des juifs d'Europe ou la rédemption de notre terre - je vote sans
hésiter pour la rédemption de la terre. Plus on parlera sur le massacre
de notre peuple, plus l'on minimisera nos efforts pour renforcer et
promouvoir l'hébraïsation de notre terre. S'il y avait aujourd'hui la
possibilité d'acheter des paquets de nourriture avec l'argent du Karen
Hayesod (Appel juif uni) pour l'envoyer par le biais de Lisbonne, le
ferions-nous ? Non, encore une fois, non ! " (88).
LA TRAHISON DE LA RESISTANCE
En juillet 1944, le dirigeant juif slovaque Rabbi Dov Michael
Weissmandel, dans une lettre aux responsables sionistes chargés de ces
"organisations de secours", proposa une série de mesures pour sauver
les juifs promis à la liquidation à Auschwitz. Il fournit des cartes
exactes des trains et réclama d'urgence le bombardement des voies sur
lesquelles les juifs hongrois étaient transportés vers les fours
crématoires.
Il appelait au bombardement des fours crématoires d'Auschwitz, au
parachutage de munitions aux 80 000 prisonniers, au parachutage de
saboteurs pour faire sauter tous les moyens d'annihilation et ainsi
mettre fin à l'extermination de 13 000 juifs par jour.
Si les alliés refusaient de répondre à cet appel organisé et public des
"organisations de secours", Weissmandel proposait que les sionistes,
qui avaient des fonds et une organisation, se procurent des avions,
recrutent des volontaires juifs et réalisent ce sabotage.
Weissmandel n'était pas seul. Tout au long de la fin des années trente
et au cours des années quarante, des porte-parole juifs en Europe
crièrent à l'aide, réclamant des campagnes publiques, une résistance
organisée, des manifestations pour forcer la main des gouvernements
alliés - pour rencontrer uniquement non seulement le silence des
sionistes, mais le sabotage actif par les sionistes des maigres efforts
proposés ou préparés en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
Voici le cri du coeur de Rabbi Weissmandel. Ecrivant aux sionistes en
juillet 1944, il dit "Pourquoi n'avez-vous rien fait jusqu'à présent ?
Qui est coupable de cette négligence effroyable ? N'êtes-vous pas
coupables, vous nos frères juifs, vous qui avez la plus grande richesse
du monde : la liberté ?"
"Nous vous envoyons ce message spécial, écrivait encore Rabbi
Weissmandel, pour vous informer qu'hier les Allemands ont commencé la
déportation des juifs de Hongrie... Les déportés vont à Auschwitz pour
être gazés au cyanure. Voici le programme d'Auschwitz d'aujourd'hui
jusqu'à la fin : 12 000 juifs - hommes, femmes, enfants, vieillards,
nourrissons, malades ou en bonne santé -, doivent être gazés chaque
jour.
Et vous, nos frères de Palestine, de tous les pays de liberté, et vous
ministres de tous les royaumes, comment pouvez-vous rester silencieux
face à cet immense meurtre ?
Silencieux, pendant que par milliers et par milliers, jusqu'à six
millions de juifs ont été assassinés à ce jour ? Et silencieux encore
maintenant, alors que des dizaines de milliers continuent à être
assassinés et à attendre d'être assassinés ? Leurs coeurs détruits vous
crient à l'aide en pleurant sur votre cruauté.
Vous êtes des brutes et vous êtes des assassins vous aussi, par ce
silence plein de sang-froid avec lequel vous restez spectateurs, à
rester les bras croisés et ne rien faire, alors que vous pourriez
arrêter ou retarder le meurtre des juifs en ce moment même.
Vous, nos frères, fils d’Israël, êtes-vous devenus fous ? Ne
connaissez-vous pas l'enfer qui nous entoure ? Pour qui épargnez-vous
votre argent ? Assassins ! Insensés ! Qui fait œuvre de charité : vous
qui de l'abri sûr de vos maisons lancez quelques sous, ou nous qui
versons notre sang dans les profondeurs de l'enfer ? "
Aucun dirigeant sioniste ne soutint sa requête, pas plus que les
régimes capitalistes occidentaux ne bombardèrent un seul camp de
concentration.
UN PACTE CONTRE LES JUIFS HONGROIS
Le point culminant de la trahison des sionistes fut le sacrifice des
juifs hongrois par une série d'accords entre le mouvement sioniste et
l'Allemagne nazie qui furent rendus publics pour la première fois en
1953. Le Dr Rudolf Kastner du Comité de sauvetage de l'Agence juive à
Budapest signa un pacte secret avec Adolf Eichmann pour "régler la
question juive" en Hongrie. Cela se passait en 1944. Le pacte scellait
le destin de 800 000 juifs.
Il se révéla par la suite que Kastner agissait sous les ordres des
dirigeants sionistes à l'étranger lorsqu'il passa cet accord avec
Eichmann. L'accord prévoyait que soient sauvées 600 personnalités
juives à condition que le silence soit fait sur le sort des juifs
hongrois.
Lorsqu'un survivant, Malchiel Greenwald, dénonça ce pacte et dénonça
Kastner comme un collaborateur nazi dont "les actes à Budapest avaient
coûté la vie à des centaines de milliers de juifs" (91), Greenwald fut
poursuivi en justice par le gouvernement israélien, dont les dirigeants
avaient rédigé les termes du pacte Kastner.
La cour israélienne aboutit à la conclusion suivante " Le sacrifice
d'une majorité de juifs, pour sauver les plus éminents, était l'élément
de base de l'accord entre Kastner et les nazis. Cet accord fixé, la
division de la nation entre deux camps inégaux, une petite fraction de
personnes éminentes, que les nazis promirent à Kastner de sauver d'une
part, et la grande majorité des juifs hongrois que les nazis avaient
condamnés à mort de l'autre. " (92).
La cour déclara que la condition impérative de ce pacte était que ni
Kastner ni les dirigeants sionistes n'interfèrent dans l'action des
nazis contre les juifs. Ces dirigeants entreprirent non seulement
d'éviter les interférences, mais tombèrent d'accord pour ne pas, selon
les termes de la cour israélienne, "les gêner dans leur oeuvre
d'extermination".
"La collaboration entre le Comité de sauvetage de l'Agence juive et les exterminateurs des juifs fut consolidée à Budapest et à Vienne. Les tâches de Kastner faisaient partie des bagages des S.S.. En plus du Service d'extermination et du Service du pillage, les S.S. nazis ouvrirent un Service de sauvetage dirigé par Kastner. " (93).
SAUVER LES NAZIS, PAS LES JUIFS
Il n'est pas surprenant qu'il ait été révélé que Kastner intervint pour
sauver le général SS Kurt Becher qui devait être jugé pour crimes de
guerre. Becher avait été l'un des principaux négociateurs du pacte avec
les sionistes en 1944. Il fut également major SS en Pologne, membre de
l'Escadron de la mort "qui travaillait 24 heures sur 24 à tuer les
juifs". "Becher s'était distingué comme boucher des juifs en Pologne et
en Russie." (94).
Il fut nommé commissaire de tous les camps de concentration nazis par
Heinrich Himmler. Où est-il à présent ? Il est président de plusieurs
sociétés et dirige la vente du blé à Israël. Sa société, la
CologneHandel Gesselschaft, fait aujourd'hui des affaires avec le
gouvernement israélien.
UN PACTE MILITAIRE AVEC LE NAZISME
Le 11 janvier 1941, Yitzhak Shamir (actuel Premier ministre d’Israël)
proposa un pacte militaire en bonne et due forme entre l'Organisation
nationale militaire (ONM), c'est-à-dire l'Irgun sioniste, et le
Troisième Reich nazi. Cette proposition est maintenant connue sous le
nom de Texte d'Ankara, ayant été découverte après la guerre dans les
archives de l'ambassade allemande en Turquie. Ce texte établit ce qui
suit :
"L'évacuation des masses juives d'Europe est une condition préalable à
la solution de la question juive, mais cela ne peut être rendu possible
et accompli totalement que par l'établissement de ces masses dans le
pays des juifs, la Palestine, et par l'établissement d'un Etat juif au
sein de ses frontières historiques...
L'ONM, qui est parfaitement au courant des bonnes dispositions du
gouvernement du Reich Allemand et de ses dirigeants envers l'activité
sioniste au sein de l'Allemagne et envers les plans d'émigration
sionistes, considère que :
1. Des intérêts communs pourraient exister entre l'établissement d'un
Ordre nouveau en Europe en accord avec la conception allemande, et les
véritables aspirations nationales du peuple juif telles qu'elles sont
incarnées par l'ONM.
2. La coopération entre l'Allemagne nouvelle et le renouveau de l'Hébraïsme national pourrait être possible, et,
3. L'établissement d'un Etat juif historique sur une base nationale et
totalitaire, et lié par traité au Reich allemand, serait dans l'intérêt
du maintien et du renforcement d'une position de force allemande future
au Moyen-Orient.
Partant de ces considérations, l'ONM de Palestine, sous la condition
que les aspirations nationales de liberté d’Israël mentionnées
ci-dessus soient reconnues par le Reich allemand, s'offre à participer
activement à la guerre aux côtés des Allemands." (95).
LA PERFIDIE SIONISTE
La perfidie des sionistes - la trahison des victimes de l'holocauste -
a été le point culminant de leur tentative d'identifier les intérêts
des juifs à ceux de l'ordre établi. Aujourd'hui, les sionistes
associent leur Etat au bras armé de l'impérialisme US - des Escadrons
de la mort en Amérique latine aux opérations clandestines de la CIA sur
les quatre continents.
Cette histoire sordide plonge ses racines dans la démoralisation des
fondateurs du sionisme qui ont rejeté la possibilité de surmonter
l'antisémitisme par le biais de la lutte populaire et de la révolution
sociale. Moses Hess, Theodor Herzl et Chaim Weizmann ont choisi d'être
du mauvais côté de la barricade - celui du pouvoir étatique, de la
domination de classe et des règles de l'exploitation. Ils ont voulu
établir une prétendue séparation entre l'émancipation de la persécution
et la nécessité du changement social. Ils étaient parfaitement
conscients de ce que la culture de l'antisémitisme et la persécution
des juifs étaient l'oeuvre de cette même classe dominante dont ils
courtisaient les faveurs.
En cherchant la caution des antisémites eux-mêmes, ils révélaient
plusieurs motivations l'adoration du pouvoir auquel ils associaient la
force, le désir d'en finir avec la faiblesse et la vulnérabilité
"juives", de cesser d'être des exclus perpétuels.
Il n'y avait qu'un pas à faire de cette "sensibilité" à l'assimilation
des valeurs et des idées des antisémites eux-mêmes. Les juifs,
écrivaient les sionistes, étaient effectivement un peuple indiscipliné,
subversif, dissident, qui méritait le mépris qu'on lui vouait. Les
sionistes en appelaient sans honte à la haine raciste des juifs.
Adulant la puissance, ils s'appuyaient sur les aspirations antisémites
des von Plehve et des Himmler à se débarrasser d'un peuple victime
radicalisé depuis longtemps par les persécutions, un peuple qui
remplissait les rangs des mouvements révolutionnaires et dont les
souffrances conduisaient les meilleurs esprits à une réflexion
intellectuelle à l'encontre des valeurs établies.
Le sale petit secret de l'histoire sioniste c'est que le sionisme était
menacé par les juifs eux-mêmes. Défendre les juifs contre la
persécution signifiait organiser la résistance aux régimes qui les
menaçaient. Mais ces régimes incarnaient l'ordre impérialiste qui
représentait la seule force favorable ou capable d'imposer une
colonisation au peuple palestinien. En conséquence, les sionistes
avaient besoin de la persécution des juifs pour convaincre les juifs de
devenir des colonisateurs dans un pays lointain, et ils avaient besoin
des persécuteurs pour patronner leur entreprise.
Mais les juifs européens n'avaient jamais manifesté aucun intérêt dans
la colonisation de la Palestine. Le sionisme était resté un mouvement
marginal chez les juifs, qui aspiraient à vivre dans le pays où ils
étaient nés sans souffrir de discrimination ou à échapper à la
persécution en émigrant vers des démocraties bourgeoisies perçues comme
plus tolérantes.
Ainsi le sionisme n'a jamais pu répondre aux besoins ou aux aspirations
des juifs. L'instant de vérité est arrivé lorsque la persécution fit
place à l'extermination physique. Face à ce test unique et ultime de
leur relation véritable avec la survie de juifs, les sionistes non
seulement se montrèrent incapables de diriger la résistance ou de
défendre les juifs, mais ils sabotèrent activement les efforts des
juifs pour boycotter l'économie nazie. Ils cherchèrent, même à ce
stade, le parrainage des auteurs du génocide eux-mêmes, non seulement
parce que le Troisième Reich semblait assez puissant pour imposer une
colonie sioniste, mais parce que les pratiques nazies correspondaient
aux convictions sionistes.
Il y avait un terrain d'entente commun aux nazis et aux sionistes, qui
ne s'exprimait pas seulement dans la proposition de l'Irgun de Shamir
de constituer un Etat en Palestine sur une "base nationale totalitaire".
Vladimir Jabotinsky, dans son dernier ouvrage, "Le Front de Guerre juif" (1940), expliquait ses plans pour le peuple Palestinien " Puisque nous avons cette grande autorité morale nécessaire pour envisager calmement l'exode des Arabes, nous n'avons pas besoin de considérer le départ possible de 900 000 personnes avec désarroi. Herr Hitler a récemment développé la popularité des transferts de population. " (96).
Cette déclaration remarquable de Jabotinsky dans "Le Front de Guerre
juif" est un concentré de la pensée sioniste et de sa banqueroute
morale. Le massacre des juifs donnait au sionisme "une grande autorité
morale". Pour quoi faire ? "Pour calmement envisager l'exode des
Arabes." La leçon de la destruction nazie des juifs était qu'il était
permis maintenant aux sionistes d'infliger le même sort au peuple
palestinien tout entier.
Sept ans plus tard, les sionistes rivalisèrent avec les nazis, dont ils
avaient recherché et parfois obtenu le soutien, et ils couvrirent la
Palestine ensanglantée de multiples Lidice (97), chassant 800 000
personnes vers l'exil.
Les sionistes rencontrèrent les nazis dans le même esprit que pour von
Plehve, agissant sur la base de la notion perverse que la haine des
juifs était quelque chose d'utile. Leur objectif n'était pas de sauver
les juifs, mais d'enrôler par la force une minorité élue - le reste
étant livré à son destin d'agonie.
Le sionisme recherchait des individus pour coloniser la Palestine et
préférait des cadavres juifs par millions à tout sauvetage qui aurait
pu amener les juifs à s'installer ailleurs.
Loin d'être touchés par la compassion, les sionistes se firent les
hérauts de la persécution d'autrui, dans le même temps trahissant
d'abord les juifs pour ensuite les avilir. Ils ont sélectionné leur
propre peuple victime pour lui imposer leurs desseins de conquête. Ils
ont aligné les juifs survivants sur un nouveau génocide contre le
peuple palestinien, se drapant, avec un cynisme horrible, dans le
linceul collectif de l'holocauste.
VII - Le mythe de la sécurité
La "sécurité" a été le slogan utilisé pour masquer les massacres
généralisés des populations civiles dans toute la Palestine et le
Liban, les confiscations des terres palestiniennes et arabes,
l'expansion dans les territoires environnants et l'établissement de
nouvelles concessions, la déportation et la torture systématique des
prisonniers politiques.
La publication du journal intime de Moshe Sharett ("Yomanishi, Maariv",
Tel-Aviv, 1979) a démoli le mythe de la sécurité comme force motrice de
la politique israélienne. Moshe Sharett est un ancien Premier ministre
israélien (1954-55), directeur du Service politique de l'Agence juive
et ministre des Affaires étrangères (1948-56).
Les carnets de Sharett révèlent de façon explicite que les dirigeants
politiques et militaires d’Israël n'ont jamais cru à un danger arabe
menaçant Israël. Ils ont cherché à manœuvrer pour forcer les Etats
arabes à des confrontations militaires que les dirigeants sionistes
étaient certains de gagner, permettant ainsi à Israël de réaliser ses
objectifs de déstabilisation des régimes arabes et les occupations de
nouveaux territoires prévues.
Sharett a défini ainsi l'axe ordonnant les provocations militaires
israéliennes "Aboutir à la liquidation de toutes (...) les prétentions
palestiniennes sur la Palestine au travers de la dispersion des
réfugiés palestiniens dans des coins éloignés du monde." (98).
Les carnets de Sharett fournissent un document sur un programme de
longue date des dirigeants israéliens, tant travaillistes que du Likoud
"Démembrer le monde arabe, défaire le mouvement national arabe et créer
des régimes fantoches sous domination régionale israélienne." (99).
Sharett cite des rencontres ministérielles, des documents officiels et
des mémorandums politiques qui ont préparé les guerres "pour modifier
radicalement l'équilibre du pouvoir dans la région, et transformer
Israël en puissance dominante au Moyen-Orient ". (100).
Sharett révèle que les dirigeants israéliens, loin de "réagir" à la
nationalisation par Nasser du canal de Suez lors de la guerre d'octobre
1956, avaient préparé cette guerre et l'avaient programmée sur leur
agenda depuis l'automne 1953, un an avant l'arrivée de Nasser au
pouvoir. Sharett raconte comment le cabinet israélien était tombé
d'accord sur le fait que les conditions internationales seraient mûres
dans trois ans. Le but avoué était "l'absorption de la bande de Gaza et
du Sinaï".
Un plan de conquête avait été décidé au niveau le plus élevé de la
hiérarchie politique et militaire. L'occupation de Gaza et de la
Cisjordanie avait été préparée au début des années 50. En 1954, Ben
Gourion et Moshe Dayan développèrent un plan détaillé pour provoquer
des conflits intérieurs au Liban afin de le diviser. Cela se passait
seize ans avant qu'une présence politique palestinienne organisée n
apparaisse au Liban comme conséquence des expulsions de Jordanie en
1970, lorsque le roi Hussein massacra les Palestiniens au cours de ce
qu'on a appelé depuis lors le "Septembre noir".
Sharett décrit "l'usage de la terreur et de l'agression pour monter des
provocations" dans le but de faciliter la conquête "J'ai médité
longuement sur la longue chaîne d'incidents et d'actes hostiles que
nous avons inventés et sur les nombreux affrontements que nous avons
provoqués et qui ont coûté tant de sang versé, et aux violations de la
loi par nos hommes - tout cela ayant abouti à un désastre grave et
déterminé toute la suite des événements." (101).
Sharett se souvient comment le 11 octobre 1953, le président israélien
Ben Zvi "prit la parole pour évoquer comme d'habitude la question de
(nos) chances d'occuper le Sinaï et dire combien ce serait merveilleux
si les Egyptiens débutaient une offensive qui nous permettrait de
poursuivre en envahissant le désert". (102).
Le 26 octobre 1953, Sharett écrit "1. L'armée considère la frontière
actuelle avec le Jourdain comme totalement inacceptable. 2. L 'armée
prépare la guerre pour occuper le reste d'Eretz Israël. " (103).
Le 31 janvier 1954, Dayan développa ses plans de guerre, nous apprend
Sharett "Nous devrions réaliser une avancée militaire en Syrie et
provoquer une série de faits accomplis. L 'intéressante conclusion de
tout ceci est en rapport avec l'orientation de la pensée du chef des
armées." (104).
ABSORBER LE LIBAN
En mai 1954, Ben Gourion et Dayan formulèrent un plan militaire pour
l'absorption du Liban "Selon Dayan, la seule chose nécessaire c'est de
trouver un officier, même un simple major. Nous devrions...
l'acheter... pour qu'il soit d'accord pour s'auto-proclamer sauveur de
la population maronite. L'armée israélienne entrera alors au Liban,
occupera les territoires nécessaires et créera un régime chrétien qui s
'alliera avec Israël. Le territoire au sud de la Litanie sera
totalement annexé à Israël et tout sera parfait. Si nous suivions
l'avis du chef d'état-major nous ferions cela demain, sans attendre le
signal (sic) de Bagdad." (105).
Mais douze jours plus tard, Dayan avait accéléré le mouvement vers
l'invasion planifiée, l'occupation et le démembrement du Liban "Le chef
d'état-major soutient le plan pour soudoyer un officier libanais qui
sera d'accord pour servir de fantoche de façon à ce que l'armée
israélienne puisse apparaître comme répondant à son appel " pour la
libération du Liban de ses oppresseurs musulmans"." (106).
Le scénario entier, donc, de la guerre de 1982 au Liban, était en place
depuis vingt-huit ans, bien avant que l'OLP n'existe. Sharett, qui
s'opposa à cette action à l'origine, raconte comment l'invasion du
Liban fut remise à plus tard.
LE FEU VERT DE LA CIA
"La CIA donna le "feu vert" à Israël pour attaquer l'Egypte. Les
énergies des responsables israéliens de la sécurité furent dorénavant
complètement absorbées par la préparation de la guerre qui devait avoir
lieu un an après exactement." (107).
Sharett situe clairement la relation véritable entre Israël et le
mouvement national arabe dans le contexte d un service rendu à la
domination globale des USA, dont l'expansion sioniste est une
composante essentielle "... Nous avons carte blanche et Dieu est avec
nous si nous agissons avec audace... A présent (...) les USA sont
intéressés au renversement du régime de Nasser (...) mais ils n 'osent
pas pour le moment utiliser les mêmes méthodes que celles qu'il ont
prises pour renverser le gouvernement de gauche de Jacobo Arbenz au
Guatemala (1954) ou celui de Mossadegh en Iran (1953)... lls préfèrent
que le travail soit fait par Israël.
Isser (un général) propose très sérieusement et de façon pressante
(...) que nous mettions en œuvre notre plan d'occupation de la Bande de
Gaza maintenant... La situation a changé et il y a d'autres raisons qui
indiquent qu'il est temps d'agir. D'abord la découverte de pétrole près
de la Bande de Gaza... Sa défense exige que nous contrôlions la Bande.
Ne serait-ce que pour cette raison déjà, cela vaut le coup de
s'attaquer à l'ennuyeuse question des réfugiés." (108).
Moshe Sharett anticipait déjà une autre vague de massacres, qui a
effectivement eu lieu. Le 17 février 1955, il écrit "... Nous poussons
des clameurs sur notre isolement et les dangers que court notre
sécurité, et nous lançons des agressions et démontrons que nous sommes
assoiffés de sang et cherchons à organiser des massacres en masse."
(109).
Ben Gourion et Dayan proposèrent qu’Israël crée un prétexte pour
s'emparer de la Bande de Gaza. Les évaluations de Sharett lui-même le
27 mars 1955 étaient prophétiques "Supposons qu'il y ait 200 000 Arabes
dans la Bande de Gaza. Supposons que la moitié d'entre eux s'enfuient
ou soient poussés à s'enfuir vers les collines d'Hébron. De toute
évidence, ils s'enfuiront sans rien emmener, et peu après s 'être
installés dans un environnement stable ils se retrouveront à nouveau
séditieux et sans domicile. Il est facile d'imaginer leur indignation,
leur haine et leur amertume... Et nous aurons 100 000 d'entre eux sur
la Bande, et il est facile d'imaginer quels sont les moyens auxquels
nous aurons recours pour les réprimer et le genre de gros titres dont
nous serons gratifiés par la presse internationale. Au premier round ce
sera : Israël agresse et envahit la Bande de Gaza. Au second : Israël
provoque à nouveau la fuite de masses de réfugiés arabes terrifiés.
Leur haine sera ranimée par les atrocités que nous leur ferons subir
durant l'occupation." (110).
Un an après, les troupes de Dayan occupaient la Bande de Gaza, le
Sinaï, les détroits de Tiran, et se déployaient le long du canal de
Suez.
DE HERZL A DAYAN
Les plans exposés par Moshe Sharett n'ont pas été inventés par David
Ben Gourion et Moshe Dayan. En 1904, Theodor Herzl décrivait le
territoire réclamé par le mouvement sioniste comme incluant les terres
"du Brook en Egypte à l'Euphrate". (111).
Ce territoire comprenait tout le Liban et la Jordanie, les deux tiers
de la Syrie, la moitié de l'Irak, un partie de la Turquie, la moitié
du Koweit, le tiers de l'Arabie Saoudite, le Sinaï et l'Egypte, y compris Port Saïd, Alexandrie et le Caire.
Dans sa déposition devant la commission d'enquête spéciale de l'ONU qui
préparait la partition de la Palestine (9 juillet 1947), Rabbi
Fischmann, représentant officiel de l'Agence juive pour la Palestine,
réitéra les prétentions de Herzl "La Terre promise s'étend de la
rivière d'Egypte à l'Euphrate. Elle inclut une partie de la Syrie et du
Liban." (112).
NOTES
(13) Ibidem.
(14) Walter Laqueur, "Histoire du sionisme" (History of Zionism) (London, 1972).
(15) Joy Bonds et al., "Nos racines sont toujours vivantes - L'histoire
du peuple palestinien" (Our Roots are still alive - The Story of the
Palestinian People) (New York Institute for Independant Social
Journalism, Peoples Press, 1977) page 13.
(16) Theodor Herzl, "L'Etat juif" (The Jewish State) (Londres, 1986).
(17) Hymn Lumer, "Le sionisme : son rôle dans la politique mondiale"
(Zionism Its Role in World Politics) (New York. International
Publishers, 1973).
(18) Chaim Weizmann, "Avancer à tâtons : l'autobiographie de Chaim
Weizmann" (Trial and Error The Autobiography of Chaim Weizmann) (New
York Harpers, 1949), page 149.
(19) John Norton Moore, ed, "Le conflit israélo-arabe" (The
Arab-Israeli Conflict) (Princeton, New Jersey The American Society of
International Law, Princeton University Press, 1977). page 885.
(20) Ibidem.
(21) Cité dans Harry N. Howard, "La Commission du roi: une enquête
américaine au Moyen-Orient" (The King Commission An American Enquiry in
the Middle East) (Beyrouth, 1963).
(22) N. Kirschner, "Le sionisme et l'Union sud-africaine: 50 ans
d'amitié et de compréhension" (Zionism and the Union of South Africa:
Fifty Years of Friendship and Understanding), Jewish Affairs, Afrique
du Sud, mai 1960.
(23) Theodor Herzl, "Carnets" (Diaries), vol. Il, page 793.
(24) Theodor Herzl, "L 'Etat juif: une tentative d'apporter une
solution moderne à la question juive" (The Jewish State An Attempt at a
Modem Solution of the Jewish Question), page 33, cité dans Un Davis.
Cité dans Un Davis "Israël: un Etat d'apartheid" (Israel An Apartheid
State) (Londres Zed Book, Ltd, 1987).
(25) Ibidem, page 28.
(26) "Pour l'amour et l'argent" (For Love and Money) dans "Israél:
étude" (Israel A Survey), Financial Mail, Johannesburg, Afrique du Sud,
il mai 1984, page 41.
(27) "Le Mur d'acier" (The Iron Wall) - "O Zheleznoi Stene" - Rassvet, 4 novembre 1923.
(28) Lenni Brenner, "Le Mur d'acier : le révisionnisme sioniste de
Jabotinsky à Shamir" (The Iron Wall Zionist Revisionism From Jabotinsky
ta Shamir) (Londres, Zed Books, Ltd, 1984), page 79. (29) London Sunday
Times, 26 septembre 1982.
(30) Jabotinsky "Lettre sur l'autonomie" (Letter on Autonomy), 1904.
Cité dans Brenner, "Le Mur d'acier" (The Iron Wall), page 29. (31)
Brenner, "Le Mur d'acier", page 31.
(32) Sami Hadawi, "Moisson amère" (Bitter Harvest) (Delmar, New York The Caravan Books, 1979) pages 43-44.
(33) Ghassan Kanafani, "La Révolte en Palestine 1936-1939" (The
1936-1939 Revolt in Palestine), New York, Committee for a Democratic
Palestine.
(34) Ibidem, page 96.
(35) Ibidem, page 39.
(36) Ibidem, page 31.
(37) Ibidem.
(38) Hadawi, pages 33-34.
(39) Joseph Weitz, "Une solution au problème des réfugiés" (A Solution
to the Refugee Problem), Davar, 29 septembre 1967. Cité dans "Documents
sur Israêl" (Documents from Israel), Un Davis et Norton Mezvinsky
éditeurs, 1967-1973, page 21.
(40) Davis, "Israêl: un Etat d'apartheid" (Israèl An Apartheid State).
(41) Al Hamishar (journal israélien), 7 septembre 1976.
(42) Cité par Fawzi al-Asmar et Salih Baransi au cours de discussions avec l'auteur, octobre 1983.
(43) Sabri Jiryis, "Les Arabes en Israèl" (The Arabs in Israel) (New York Monthly Review Press, 1976).
(44) Gad Becker, "Yediot Aharanot", 13 avril 1983, et New York Times, 14 avril 1983.
(45) Ibidem.
(46) David Ben Gourion, "Mémoires" (Memoirs), volume III, page 467.
(47) Ben Gourion, dans un discours de 1937 cité dans ses "Mémoires".
(48) David Ben Gourion, "Rapport au Conseil mondial de Poalei Sion"
(l'ancêtre du Parti travailliste) (Report ta the World Council of
Poalei Zion), Tel-Aviv, 1938. Cité par Israèl Shahak, "Journal d'études
palestiniennes" (Journal of Palestine Studies), printemps 1981.
(49) Ben Gourion dans un discours de 1938.
(50) Michael Bar Zohar, "Ben Gourion: une biographie" (Ben Gurion A Biography) (New York Delacorte, 1978).
(51) Ben Gourion, juillet 1948, cité par Bar Zohar.
(52) Brenner, "Le Mur d'acier
(53) Ibidem, page 143.
(54) Meir Pa'il, "Yediot Aharanot", 4 avril 1972. Cité par David Hirst,
"Le fusil et la branche d'olivier" (The Gun and the Olive Branch),
pages 126-127.
(55) Jacques de Reynier, "A Jérusalem, un drapeau flottait sur la ligne de feu", pages 71-76. Cité par Hirst, pages 127-128.
(56) Davar, 9 juin 1979.
(57) Eldad, "Sur l'esprit qui se ré véla dans le peuple" (On the Spirit
That Was Revealed in the People), De'ot, hiver 1968. Davis et
Mezvinsky, pages 186-187.
(58) Meir Har Tzion, "Journal" (Diary) (Tel-Aviv Levin Epstein Ltd,
1969). Cité dans Livia Rokach, "Le Terrorisme sacré d'Israèl" (Israel's
Sacred Terrorism) (Belmont, Massachusetts Association of Arab American
University Graduates, 1980), page 68.
(59) Rokach, page 16.
(60) Ibidem.
(61) Extraits des procès-verbaux de la cour "Jugements de la cour du
district : le procureur militaire contre Mal or Melinski et al."
(Judgments of the District Court The military Prosecutor vs. Malor
Melinki et. al.), Rokach, page 66.
(62) Ha'aretz, 23 mai 1980.
(63) Une analyse détaillée de ce processus peut être trouvée dans "La
transformation démographique de la Palestine" (The Demographic
Transformation of Palestine) de Janet Abu Lughod, dans Ibrahim Abu
Lughod, ed, "La transformation de la Palestine "(The Transformation of
Palestine), (Evanston, III, Northwestern University Press, 1971) pages
139-164.
(64) Davis et Mezvinski, page 47.
(65) Moshe Dayan, 19 mars 1969, Ha'aretz, 4 avril 1969, et cité dans Davis.
(66) Le Fonds national juif, "Villages juifs en Israèl" (Jewish
Villages in Israel), page 21. Cité dans Lehn et Davis, "Le Fonds
national juif" (The Jewish National Fund).
(67) L'estimation par les Nations Unies a été réalisée à la fin des
années 1950 ou au début des années 1960. Baruch Kimmerling, "Sionisme
et économie" (Zionism and Economy), page 100. Cité dans Davis, page 19.
(68) Dan Peretz, "Israêl et les Palestiniens arabes" (Israel and the Palestinian Arabs) page 142, Davis, pages 20-21.
(69) Walter Lehn, "Le Fonds national juif comme instrument de
discrimination" (The Jewish National Fund As An Instrument of
Discrimination). Cité dans "Sionisme et racisme" (Zionism and Racism)
(Londres : International Organization for the Elimination of All Forms
of Racial Discrimination, 1977), page 80.
(70) Bail du Fonds national juif, article 23, cité dans "Les non-juifs
dans l'Etat juif" (The Non-Jew in the Jewish State) par Israèl Shahak,
éditeur (Jérusalem :1975).
(71) Ha'aretz, 13 décembre 1974.
(72) Ma'ariv, 3 juillet 1975.
(73) Raphael Patai, ed, "Les Carnets complets de Theodor Herzl" (The
Complete Diaries of Theodor Herzl) (New York, 1960), page 88. (74)
Isra~l Shahak, "Un message au mouvement pour les Droits de l'Homme en
Amérique - Israél aujourd'hui : l'autre apartheid." (A Message ta the
Human Rights Movement in America: The Other Apartheid). "Contre le
courant" (Against the Current), janvier-février 1986.
(75) Ibidem.
(76) Marvin Lowenthal, ed, "Les Carnets de Théodore Herzl" (The Diaries
of Theodor Herzl), page 6, cité par Lenni Brenner dans "Le sionisme à
l'ère des dictateurs" (Zionism in the Age of the Dictators), (Westport,
Connecticut).
(77) Lawrence Hill, 1983, page 6. Extrait de " Our Shomer
"Weltanschauung" ", Hashomer Hatzair, décembre 1936. Première
publication en 1917, Brenner, "Le sionisme" (Zionism), page 22.
(78) Brenner, "Le Mur d'acier" (The Iran Wall).
(79) Ibidem, page 14.
(80) Ibidem.
(81) Brenner, "Le sionisme" (Zionism), page 48.
(82) Ibidem, page 85.
(83) Ibidem, page 99.
(84) Ibidem, page 149.
(85) Ibidem.
(86) Rabbi Solomon Schonfeld, chef des rabbins en Angleterre au cours
de la Deuxième Guerre mondiale. Fans Yahya, "Les relations sionistes
avec l'Allemagne nazie" (Zionist Relations with Nazi Germany)
(Beyrouth, Liban Palestine Research Center , janvier 1978), page 53.
(87) Chaim Weizmann rapportant au Congrès sioniste de 1937 sur son
témoignage devant la Commission Peel à Londres, juillet 1937, Yahya,
page 55.
(88) Yitzhak Gruenbaum était président du Comité de sauvetage de
l'Agence juive. Extrait d'un discours prononcé en 1943, ibidem, page 56.
(89) Ibidem, page 53.
(90) Ibidem, pages 59-60.
(91) Ibidem, page 58.
(92) Jugement porté le 22 juin 1955, protocole sur le cas criminel
124/53 à la Cour du district de Jérusalem (Protocol of Criminal Case
124/53 in Disctict Court), ibidem, page 58.
(93) Ibidem, page 59.
(94) Ben Hecht, "Perfidie" (Perfidy) (New York, 1961), pages 58-59, ibidem page 60.
(95) "Proposition de l'Organisation nationale militaire - Irgun Zvai
Leumi - concernant la solution de la question juive en Europe et la
participation de la NMO à la guerre aux côtés de l'Allemagne" (Proposal
of the National Military Organization - Irgun Zvai Leumi - Concerning
the Solution of the Jewish Question in Europe and the Participation of
the NMO in the War on the side of Germany). Texte original trouvé dans
"Le problème palestinien dans la politique allemande" (The Palestine
Problem in German Politics), 1889-1945, de David Yisraèli (Ramat Gan,
Israel : Bar Ilan University, 1974) pages 315-317, Brenner, "Le
sionisme" (Zionism), page 267.
(96) Brenner, "Le Mur d'acier", page 107.
(97) Lidice était un village tchèque qui a été entièrement rasé par les
S.S.. Il est devenu le symbole de la brutalité nazie et a été distingué
comme crime de guerre lors des procès de Nuremberg.
(98) Rokach, page 5.
(99) Ibidem.
(100) Ibidem, page 4. (101) Ibidem, page 6. (102) Ibidem, page 14.
(103) Ibidem, page 18.
(104) Ibidem, page 19.
(105) Ibidem, page 29.
(106) Ibidem.
(107) Ibidem, page 30.
(108) Ibidem, page 55.
(109) Ibidem, page 45.
(110) Ibidem, page 50.
(111) Herzl, "Carnets" (Diaries), vol. Il, 1904, page 711.
(112) Israel Shahk, "Le Plan sioniste pour le Moyen-Orient" (The
Zionist Plan for the Middle East) (Belmont, Massachusetts, A.A.U.G.,
1982).
Extraits de:
"L'Histoire cachée du sionisme", par Ralph Schoenman, éditions Selio1988
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